Depuis
sa création, en 1925, au sein de chaque unité de la Schutzstaffel (SS),
quelques hommes étaient chargés de la « sécurité », autrement dit du
renseignement. En 1931, Himmler détache ces agents de renseignement de la
troupe SS et constitue un service de sécurité totalement étanche qu’il dénomme
le Sicherheistdienst (SD), que l'on peut traduire en français par « service
de sécurité » de la SS en général. Il en confie la responsabilité au
Standartenführer Heydrich, également chef de la Gestapo, dont les fonctionnaires
sont désormais soumis au contrôle politique du SD. Service de sécurité interne
de la SS, le SD devient l’unique service de renseignement du parti nazi par un
décret du 9 juin 1934. Il n’est cependant pas organisme d’État et, par
conséquence, n’a de compétence qu’à l’intérieur du parti. A ce moment, le SD
dispose d’environ 3 000 agents. Le recrutement est plutôt élitiste, avec
toute une génération de jeunes intellectuels nationaux-socialistes et
foncièrement antisémites. S’il a le monopole du renseignement politique, le SD
n’a aucun pouvoir exécutif, qui est détenu par la Gestapo, qui procède aux
arrestations, interrogatoires et internements dans les camps. Progressivement,
le SD va devenir le service de renseignement le plus efficace du Reich, avec un
système de fiches individuelles qui va atteindre la perfection. Le 17 juin
1936, un décret nomme Himmler chef suprême de toutes les polices allemandes, en
civil comme en uniforme. Celui-ci divise alors ses services en deux
branches : l’ORPO (Ordnungspolizei), police d’ordre, et la SIPO
(Sicherheistpolizei), police de sûreté. Heydrich conserve toujours la direction
du SD, qui reste un service du parti, indépendant des organismes étatiques. En
1938, un décret fait du SD le Service de renseignement pour le parti et l’État,
devant assister la SIPO. Le 27 septembre 1939, Himmler décide de regrouper tous
les organismes (SD, SIPO, ORPO, Gestapo) en un Reichssicherheitshauptamt (Office
central de la sécurité du Reich), abrégé en RSHA, dirigé par Heydrich et sous
contrôle SS, afin de lutter plus efficacement contre les ennemis du Reich. Particularité
du SD : seuls les policiers de carrière qui appartenaient avant la guerre
à la Gestapo peuvent devenir officiers. Les autres viennent pour la plupart de
la GFP et restent sous-officiers, bien que souvent ils ont une grande influence
et de grandes responsabilités. C’est le cas, par exemple, de l’adjudant Grimm,
chef de la section VI du SD de Rennes, qui contrôle l’activité des autonomistes
bretons, et qui était professeur dans le civil. Quant au médecin du poste, il
n’est que sergent-chef.
Lors
de l’entrée des troupes allemandes en Pologne, l’attitude des Einsatzkommandos, composés d’éléments de la Gestapo et
du SD, à l’égard de la population et des juifs avait choqué certains généraux
de la Wehrmacht. En conséquence, aucune unité de police ou du SD n’est autorisée
à accompagner la Wehrmacht lors de son avance en France. Les pouvoirs de police
sont alors classiquement confiés à la Geheime Feldpolizei(GFP), police secrète
de sûreté, et à la Feldgendarmerie. Cependant, Heydrich va discrètement
installer plusieurs petits groupes de Sonderkommando sur tout le territoire.
Jusqu’en 1942, ces hommes se contentent de la recherche de renseignements, en
concurrence avec l’Abwehr. Progressivement,devant l’incapacité de la GFP de
contenir la montée en puissance de la Résistance, Gestapo et SD vont se voir
confier la sécurité des arrières de l’armée. En avril 1942, l’État-major de la
Wehrmacht se voit retirer les pouvoirs de police en France, au profit de Karl
Oberg « Chef suprême des SS et de la police ». Dès lors, 23 groupes
de la GFP sur 25 sont dissous et le personnel versé à la SIPO-SD.
L’administration militaire garde toutefois la surveillance des prisons et des
camps. Comme en Allemagne, Oberg va diviser les services de police en deux groupes :
l’ORPO, et le SIPO-SD. De la direction centrale parisienne, avenue Foch et rue
des Saussaies, dépendent 17 services régionaux, qui contrôlent eux-mêmes 45
sections extérieures. Le Kommando SIPO-SD d’Angers a la direction de l’ensemble
du Sud-ouest de la France (Circonscription B). La collaboration entre le SD et
le SRA (Abwehr) devient de plus en plus étroite. Le Kapitän zur See Bracht, qui
fait la liaison entre l’Abwehrstelle (AST) d’Angers et celle de Rennes, dispose
d’un bureau à la Maison des étudiantes.
Le SD s’installe à Rennes
|
Adjudant-chef Max Jacob |
Le
Kommando SIPO-SD de Rennes étend ses griffes sur les quatre départements bretons.
Rennes ne communique avec Paris qu’après en avoir référé, ne serait-ce que
téléphoniquement, à Angers. Les antennes du SIPO-SD de Rennes :
Aussendienstselle ou Aussenkommando, sont dirigées par un officier ayant le
titre de Dienststellenleiter. Le
terme d’Einsatzkommando est réservé aux équipes toujours prêtes à intervenir en
cas de besoin. En 1944, les « terroristes » multipliant les coups de
main contre l’armée d’occupation, il est créé un Rollkommando, dont le chef est Adolf Breuer, de la section IV. Ce Rollkommando, toujours en
état d’alerte, doit prêter main forte aux Aussenkommando qui demandent de
l’aide. Pour ses opérations contre la Résistance, le SIPO-SD de
Rennes peut également compter sur deux groupes de supplétifs qui lui sont directement
rattachés. Le plus important est le Bezen Perrot, créé au mois de décembre
1943, avec un effectif de 75 à 80 jeunes Bretons. Le Bezen « Einheit
Perrot », n’est pas une milice mais une unité du SIPO-SD, auquel les membres
ont signé un engagement. Ils sont casernés au 19, rue
Lesage, ancien hôtel particulier du doyen Charles Bodin, et au 19, boulevard de
Sévigné, l'actuel consulat du Maroc. Le second groupe est celui de
|
Selbstschutzpolizei Rennes |
la Selbstschutzpolizei (SSP)
« Police
|
SSP Boulevard de la Duchesse Anne |
d’autoprotection », dont trois Kommandos furent créés à
Dijon, Toulouse et Rennes au mois de mai 1944. Celui de Rennes comprend 12
jeunes Français, commandés par l’adjudant-chef du SD Max Jacob. Installé dans
une villa du boulevard de la Duchesse Anne, ces hommes endossent des anciens
uniformes bleu marine de chasseurs alpins avec un brassard jaune SSP sur la
manche gauche. Le tableau serait incomplet sans y ajouter les membres du Groupe
d’action du PPF, véritables bandits de la pire espèce plutôt que soldats ou miliciens.
Chargés de faire la chasse aux réfractaires du STO, ils vont rapidement faire
le coup de feu contre les maquisards.
La
présence du SIPO-SD à Rennes est attestée dès 1941, avec un poste de quelques
agents au 92, rue de Fougères, sous le commandement du lieutenant SS Hollert. Les
relations avec la GFP, rue de Robien, sont alors étroites et cordiales. Lors de
l’absorption de la GFP en avril 1942, la plupart du personnel rejoindra le SD. Il
n’en va pas de même avec la Wehrmacht. En effet, compte tenu du cloisonnement
existant au point de vue commandement, les relations entre le SIPO-SD et la
Feldkommandantur 748 sont uniquement de service et assez tendues. Rappelons que
le feldkommandant, le lieutenant-colonel Freiherr von Gebsattel, était le
cousin du colonel von Stauffenberg, qui exécuta l’attentat contre Hitler et
désapprouvait souvent les actes du SD. Von Gebsattel soutenait le capitaine
Kreutzberg, chef de la section I.c., qui lui aussi désapprouvait le SD. Les
relations avec le tribunal militaire de la FK 748 restent des relations de
service, sans réelle collaboration étroite, étant donné que les affaires
d’armes ou de délits politiques sont presque toujours traitées par Paris.
La répression
1
- Affaires réglées par le SD lui-même
En
règle générale le SD décide lui-même à Rennes de déporter les prévenus. Le transfert
vers l’Allemagne se fait par voie ferrée à partir de la prison Jacques Cartier ou
du camp Margueritte. Il est organisé par le sergent-chef Walter Teike et le
sergent Paul Hinz. Tous les prisonniers transitent par Compiègne, d’où ils sont
ensuite répartis dans les camps en Allemagne. Cette répartition se fait en cinq
catégories ou Stufen (étapes, niveaux), suivant la gravité des actes
reprochés :
-
Stufe I. Concerne les personnes
qui ont essayé de recueillir des renseignements sur l’armée allemande, ou qui
sont en possession d’une fausse carte d’identité. Elles seront envoyées en
Allemagne dans un camp spécial pour un « stage » de six semaines. Au
bout de ce temps, tous les détenus sont en principe mis à la disposition du
service du travail en Allemagne, sauf ceux dont la conduite amène comme
sanction l’envoi au camp de concentration.
-
Stufe II. Concerne les personnes ayant fait la collecte de renseignements
militaires ou ayant fabriqué des fausses cartes d’identité. Elles sont
astreintes à un travail sous surveillance militaire dans un camp.
-
Stufe III. Concerne les personnes ayant une arme chez elles ou donné des
vêtements à des parachutistes, des prisonniers, etc.
-
Stufe IV. Concerne des personnes ayant caché chez elles des
parachutistes, ayant accepté des dépôts d’armes parachutées, ayant chez elles
un poste émetteur dont elles ne se servaient pas, ou ayant organisé la
résistance contre les Allemands.
-
Stufe V. Concerne des personnes ayant commis ou ayant l’intention de
commettre des attentats contre les Allemands, de même que les possesseurs de
postes radio. La sanction prévue est la peine de mort. Pour les radios, peine
de mort seulement pour les Français et non pour les Anglais ou Américains.
Les
personnes classées dans les Stufen II, III et IV sont envoyées dans des camps de
travail, dont le régime est d’autant plus rigoureux que le fait reproché est
grave.
2
– Les affaires transmises par le SD à un tribunal militaire
C’est
le cas pour les personnes de la catégorie V et souvent aussi pour les cas
graves des catégories précédentes. Le tribunal militaire de la FK 748 de
Rennes, incompétent en matière d’affaires d’armes ou de politique, envoie les
dossiers reçus du SD à Angers et Paris pour avis. En règle générale, ces
affaires sont traitées par le tribunal du Befehlshaber pour le Sud-ouest à
Angers ou par celui du Kommandant du Grand-Paris. Une seule fois en 1942, Paris
a décidé que l’affaire « Hervé et autres » (attentats et sabotages)
devait être jugée sur place. Sur les 30 inculpés, 25 sont condamnés à
mort puis fusillés le 30 décembre 1942 à la butte de la Maltière. Vers la
mi-mai 1944, est créée une section spéciale du tribunal de la FK 748, elle fonctionnera
jusqu’en juillet, date de sa dissolution. Elle prononça environ 70 condamnations
à mort. En pratique, trois cas sont à envisager : 1) Les affaires les
moins graves sont sanctionnées par la déportation et la mise à disposition du
Service de la main d’œuvre en Allemagne. 2) Les affaires plus graves aboutissent
à la déportation dans un camp en Allemagne. 3) Les affaires les plus graves sont
transmises à un tribunal qui, dans la plupart des cas, prononce la peine de
mort.
L’organisation du SD de Rennes
|
Section 1 : Drechsler, Schmerling, Breuer, Schreir, Klein |
|
Section 1 : Hubert, Scheerer, Anton |
Après
avoir absorbé la GFP, en avril 1942, le SD réquisitionne l’immeuble de la
Maison des étudiantes, rue Jules Ferry. Calqué sur le schéma allemand, le
Kommando de Rennes comporte sept sections, ayant elles-mêmes des sous-sections.
Section
I. État du personnel, gestion,
intendance, protection de l’immeuble (assurée par le Bezen Perrot).
Section
II. Surveillance de la police
française, service des laissez-passer, police des associations et des réunions,
missions de surveillance, répression des grèves et de la résistance passive,
mesures de représailles, police des étrangers, internements dans les camps.
Section
III. Politique économique
générale, renseignements économiques, agriculture, pêche, ravitaillement et
réquisitions, circulation, transport, emploi des ouvriers français en Allemagne
et main d’œuvre en France.
Section
IV. C’est la section la plus
importante et la plus redoutable avec une douzaine de sous-sections :
communistes, émigrants, registres d’écrou, détenus, juifs, religions,
francs-maçons, mesures de protection, missions spéciales, etc. Elle dispose
d’un Kommando spécial. A partir de 1943, ses attributions sont considérablement
augmentées, notamment en ce qui concerne le recrutement d’agents de
renseignements.
Section
V. Inspection des Aussenkommandos, répression du marché noir, trafic
d’or. Section supprimée en 1944 et versée dans la section IV.
Section
VI. Politique française,
rapports sur le moral de la population, presse, propagande, culture, partis
politiques mouvements de jeunesse, questions raciales.
Section
VII. Écoles, universités,
littérature et éditions.
|
Garage Caillard |
Pour
ses déplacements, le SD a réquisitionné le garage Caillard, situé à l’angle de
la rue de la Borderie et de la place Hoche. Il dispose d’une dizaine de
voitures de tourisme, dont un cabriolet Mercedes-Benz pour le colonel Pulmer,
et un cabriolet Opel-Kapitan pour son second, plus trois ou quatre camions et
un fourgon cellulaire.
Après
avoir été « interrogés » rue Jules Ferry, les patriotes sont ensuite
conduits à la maison d’arrêt du boulevard Jacques Cartier, divisée en un
quartier « allemand » et un quartier « français », qui ne
reçoit jamais de prévenus mais des condamnés dont la peine ne dépasse pas
quatre mois. Le quartier allemand est surveillé par des soldats de la Wehrmacht
sous les ordres de l’adjudant-chef Feiser, puis ensuite Rauch. Il reçoit tous
les prévenus et les condamnés qui attendent leur transfert en Allemagne ou
d’autres prisons françaises. Cette prison allemande est sous les ordres du
capitaine Kreutzberg, de la FK 748. A cette prison, il convient d’ajouter le
camp de détention « Margueritte », composé de baraques, qui était
prévu à l’origine pour un camp de prisonniers de guerre. Le personnel de garde
est exclusivement allemand.
Personnel du SD de Rennes
Le
Kommando de Rennes est un poste important qui comprend environ 70 agents
allemands et une quinzaine de secrétaires, tant Allemandes que Françaises.
Parmi ces dernières, qui n’ont pas pris la fuite, quelques-unes seront arrêtées
à la Libération. L’interrogatoire d’une de ces jeunes interprètes, d’origine
alsacienne, révèle des informations intéressantes sur le fonctionnement du SD et
la façon dont ces SS traitaient leurs victimes. Les notes de cette interprète
seront citées en italique. Les grades
sont ceux équivalent à la Wehrmacht.
Section
de commandement
|
Colonel Pulmer |
|
Déposition de Camille Guillon, lire 9 avril 1943 |
Le
colonel Hartmut Pulmer, originaire de Nordhausen, commande l’ensemble SIPO-SD
pour la Bretagne. Il a succédé au Dr Heerdt. Pulmer est un national-socialiste
convaincu, très dur, qui déteste non seulement les Français, mais aussi ses
compatriotes n’appartenant pas au parti nazi ou aux Waffen-SS. Il est craint de
ses subordonnés dont il exige une obéissance totale « Sa fonction était Regierungsrat, lui seul avait droit de vie ou de mort
sur les personnes arrêtées. » Il est secondé par le commandant Fritz
Barnekow : « Barnekow était le
chef adjoint de Pulmer. Il était au courant de la plupart des opérations
effectuées par le service, mais il n’agissait pas directement dans ces
affaires. Il était plutôt chargé de l’administration intérieure du service. Il
avait la réputation d’être correct et il est également établi que ses relations
avec Pulmer n’étaient pas des plus cordiales. Pulmer était un chef autoritaire
qui n’entendait pas partager son autorité. » Pulmer occupe la maison réquisitionnée de Camille Guillon, au 9, rue de Paris. Son épouse, Jeanne Guillon, résistante, a été arrêtée le 8 avril 1943, ainsi que son mari et leur fils. Tous déportés le 8 juillet 1943. Jeanne Guillon décèdera à Bergen-Belsen fin mars 1945.
Section I
|
Sergent Walter section IV |
|
Sergent-chef Strenger |
Commandée
par le lieutenant Otto Huebner, auparavant inspecteur de police à Stralsund,
elle comporte 22
agents. Huebner est décrit comme : « Très méchant avec les Français ».
Il est secondé par le sergent-chef Walter Legat : « Extrêmement méchant avec les Français,
maltraitait les prisonniers politiques lorsqu’il avait ordre de les surveiller ».
Le sergent Kurt Brendt administre les biens des prisonniers politiques :
« Pas trop méchant ». Le
sergent Otto Krune s’occupe de la trésorerie : « Rien à reprocher ». Le sergent-chef Willi Strenger est le chef du bureau
du roulage : « Assez méchant ».
Le sergent-chef Ferdinand Suess est le chef du
garage de la rue de
|
Sergent-chef Suess |
la Borderie : « Bon envers les mécaniciens français ». Le service compte une
dizaine de chauffeurs, dont le sergent Walter,
chauffeur du Kommandeur. Le sergent Josef Klein,
originaire de Cologne, est le chef du poste de garde, situé dans l’entrée du
hall de la Maison des étudiantes : « Renvoyait souvent méchamment les Français et les Françaises qui
demandaient des renseignements au sujet des prisonniers politiques. »
Le caporal Ernest Seng est soldat du poste de garde : « Très méchant envers les Français demandant
des renseignements. Se moquait d’elles lorsque des mères ou des épouses
désespérées pleuraient. » Le caporal Georg Schreier
autre soldat du poste de garde est jugé : « Plus complaisant envers les Français que
Klein et Seng. » Le sergent-chef Gerhard Zimmermann, originaire de
Magdebourg, est le chef de cuisine, chargé du ravitaillement : « Il était en contact permanent avec les
trafiquants du marché noir qui lui procuraient du ravitaillement. Fréquentait
le café de l’Europe et le café de l’Époque. Faisait du marché noir avec la
boucherie Vannier, rue du Pré-Botté. »
Section
II
|
Grimm, Bredt et un chauffeur |
Dirigée
par le Dr Harald Bredt, adjudant originaire de Magdebourg, elle ne comporte que
deux agents : Robert Muller, sergent-chef originaire de Dantzig, adjoint de Bredt, auparavant à la GFP, et le sergent-chef Kurt Latsch, originaire de Dessau.
Section
III
|
Adjudant Froboese |
Cette
section est dirigée par l’adjudant Erich Froboese,
originaire de Magdebourg. Il est également responsable du Bezen Perrot, dont il
assure le casernement, l’habillement et le ravitaillement, ainsi que pour la Selbstschutzpolizei. Il est secondé par le sergent-chef
Gerhard Hildebrandt, originaire lui aussi de
Magdebourg, et du sergent Walter Scheerer : « C’est Froboese qui s’est occupé de la milice Perrot, il était à la tête
d’un service économique et policier, et c’est lui qui a choisi le siège de la
rue Lesage, N° 19. Les miliciens de cette formation se sont procuré leurs armes
à la Gestapo. C’est en décembre 1943 que la milice Perrot à commencer à
fonctionner. La milice Perrot, généralement en civil, faisait leurs
arrestations en uniforme allemand. Les Allemands appréciaient beaucoup la
milice Perrot et les considéraient comme de véritables français. Froboese a dit
si tout le monde faisait comme eux, la guerre serait déjà terminée. Péresse a commis un meurtre, il a tué un
français de la Résistance. J’ai vu le fait consigné dans un rapport, il aurait
tué avec sang-froid (région de Martigné-Ferchaud) ».
Section
IV.
|
Sous-lieutenant Lueck |
|
Sergent Barthel |
C’est
la plus importante avec une trentaine d’agents, dont certains vont commettre de
véritables crimes de guerre lors des opérations menées en juin et juillet 1944 contre
les maquis du Morbihan et des Côtes-du-Nord. Elle est dirigée par le
Sturmbannführer Fritz Barnekow : « Très méchant, voir cruel lorsqu’il prend une
décision au sujet des prisonniers politiques. » Il a pour adjoint Hans
Krüger, qui va quitter Rennes pour Dijon où il sera nommé chef de la police
allemande : « Extrêmement
cruel, torturait les prisonniers avec des raffinements de cruauté. »
Krüger est remplacé par le lieutenant Helmut Walter, qui ne vaut pas mieux.
Parmi les officiers, on trouve le sous-lieutenant Emil Lueck,
arrivé à Rennes en 1940, issu de la GFP, très estimé de Pulmer. Un autre
sous-lieutenant, Kurt Mannel est à Rennes depuis peu : « Très élégant ». Le sergent Paul
Hinz, de Stettin, est responsable de l’organisation des convois de déportés
vers l’Allemagne. L’adjudant Adolf Breuer, qui
était commerçant à Cologne avant-
|
Adjudant Fischer |
guerre, parlant couramment le français, est
considéré comme l’un des meilleurs policiers du SD. C’est lui qui avait mené
l’enquête aboutissant aux 25 fusillés du 30 décembre 1942 : « A beaucoup d’amis français, méchant. » Il a été identifié avec Edelkraut pour avoir participé au massacre des résistants de la ferme de la Porcherie à Loudéac le 4 juillet 1944.
Son secrétaire est le caporal Léon Mierzynski. Tout aussi réputé, l’adjudant
Ferdinand Fischer, qui était commerçant à
Magdebourg. Lui aussi parle parfaitement le français. Avant d’arriver à Rennes,
Fischer était responsable de l’antenne de Saint-Brieuc, où sévissait l’agent Maurice
Zeller, que l’on ne présente plus. Il loge à Rennes au 102, rue de Fougères,
chez M. Rouault, où il se fait adresser son courrier sous le nom de Fernand
Collin : « C’était le plus
cruel de toute la Gestapo. Frappait les prisonniers jusqu’à ce qu’ils perdent
connaissance. On devait toujours faire appel au sanitaire pour les réanimer.
Lorsqu’il les menait dans les cellules aménagées dans la cave, leur donnait des
coups de pied pour les faire descendre l’escalier et torturait certainement des
gens jusqu’à la mort. » Il est assisté du sergent Gerhard
|
Adjudant Karl |
Kruegel, qui
parle lui aussi parfaitement le français et l’anglais. L’adjudant Karl Alexander, qui était déjà avec Pulmer à Schrottersburg,
dont il partage le domicile rue de Paris, est chargé des affaires importantes
et délicates : « Très méchant
avec les prisonniers, les torturait. » Autre agent, que l’on
retrouvera aux côtés de Fischer à Quimper puis dans le Morbihan : le Dr
Hermann Wenzel, dit « Mexicano », chirurgien-dentiste à
Magdebourg, qui parle parfaitement le français et fréquente les cafés de
l’Europe et de l’Époque. Wenzel s’occupe des affaires de résistance, notamment
sur la région de Pontivy : « Presque
aussi méchant que Fischer. » On peut citer aussi le sergent-chef Kurt Lerch, qui était également au service de Pulmer à
Schrottersburg : « Très cruel
avec les prisonniers, les torturait avec un plaisir évident. »
Signalons également le sergent-chef Éduard Mendrina, originaire de
Styrie-Carinthie : « Torturait
les prisonniers d’après des méthodes qu’il avait vues dans d’autres pays. Il
attachait un prisonnier au mur par les bras, les pieds ne touchant pas terre,
|
Sergent-chef Grosse |
et les frappait jusqu’à inanition. » Un adjudant, Franz Pesentheimer, est aussi qualifié de « Très méchant ». Le sergent Karl Schaefer, qui parle très bien le français :
« Était mal vu parce qu’il avait
soi-disant trop bon cœur lorsqu’il interrogeait les prisonniers». C’est
également le cas du caporal Max Ziegler, mis à la disposition du SD en qualité
d’interprète par une unité de la Wehrmacht : « Très aimable avec les prisonniers. Les encourageaient et les
soutenaient lorsqu’ils étaient fatigués. » Autre policier originaire
de Magdebourg – on remarquera que cette ville semble avoir été un véritable vivier
d’agents pour le SD de Rennes – le sergent-chef Gerhard Grosse, interprète du Kommandeur. Parlant couramment le français et
l’anglais, Grosse a été envoyé à deux reprises à Jersey et Guernesey avec
d’importantes sommes d’argent pour le service de renseignements. Le
sergent-chef Walter Teike, qui vient de la GFP, s’occupe des convois de
déportés pour l’Allemagne. Wilhelm
|
Sergent Ernser |
Goering est également originaire de
Magdebourg. Le sergent Josef Ernser s’occupe des affaires juives :
« Un sous-officier nommé
Ernser contrôlait Du Perron de Maurin au point de vue affaires juives. Les
prisonniers qui venaient à la Gestapo étaient très nombreux. En attendant leur
interrogatoire, ils étaient gardés par un membre du Bezen Perrot, au rez-de-chaussée.
En me promenant dans les couloirs de la Gestapo, j’ai entendu fréquemment des
cris des hommes que l’on torturait et que l’on frappait. » Le sergent Willi Barthel fréquente une Rennaise employée à la
Kriegsmarine : « Qui a dénoncé
un étudiant ».
|
Caporal-chef Edelkraut |
Section
V.
Cette
petite section ne comporte que deux agents : le sergent Rudolf Wolf, qui
s’occupe des affaires de droit commun, comme les vols dans les unités et
service allemands, et de la répression du marché noir. Il est assisté du
caporal-chef Edelkraut: « A tiré sur un prisonnier qui voulait
s’évader ».
Section
VI.
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Adjudant Grimm |
|
Sergent-chef Kerboth |
Petite
section là aussi avec seulement deux agents, mais dont l’activité est
essentielle puisque c’est elle qui traite les informations fournies par les centaines
d’agents de renseignement ou indicateurs français. La section est dirigée par
l’adjudant Hans Grimm, un protestant de 45 ans,
en poste à Rennes depuis 1942. C’est un des personnages les plus influents du
SD, qui a été le bras droit de Pulmer. Grimm parle parfaitement le français.
Avec sa maîtresse, il occupe un appartement au 26, rue Saint-Melaine, où il
reçoit les indicateurs français et paye les dénonciateurs. Il a pour secrétaire
le sergent-chef Otto Kerboth, originaire de
Magdebourg.
Section
VII.
|
Fraeulein Dr Langer |
|
Sergent-chef Dr Block |
La
responsable de cette section est le Dr Langer
collaboratrice directe de Grimm, en charge des questions universitaires et
scolaires.
A
ces sections, il faut ajouter un service médical, tenu par le Dr Hans Block : « Se cantonnait strictement dans son rôle de médecin ». Le
sergent-chef Hermann Kaiser s’occupe des armes
et de l’habillement. En charge également du service photographique. Le caporal
Helmut Koebke, originaire de Stettin, est responsable du central téléphonique.
Auparavant à la GFP, en poste au SD depuis 1942. Parle aussi bien le français
que l’anglais. Curieusement, il n’a pas été membre des SA ou de la SS et n’est
pas confirmé SIPO. Le breton Claude Geslin, adhérent du PNB dont il a été
exclu, fait fonction d’interprète et accessoirement d’indicateur.
Personnel
féminin. Les postes de secrétaire les
plus sensibles, comme le commandement et la section IV, sont occupés par des Allemandes,
au nombre de huit. Quatre Françaises travaillent également comme
secrétaires-dactylos ou secrétaires-interprètes. La plus jeune, une dactylo
Alsacienne qui vient d’obtenir son diplôme à Strasbourg, est réfugiée à Rennes
avec sa famille, dont le père travaille aux Tanneries de France. Maîtrisant la
langue allemande, elle trouve sans difficulté un poste de secrétaire, rue
d’Isly, dans un service de la Luftwaffe en 1940, alors qu’elle n’a que quinze
ans. Elle est ensuite embauchée comme secrétaire-interprète par le SD : « Je croyais qu’il s’agissait d’une police
ordinaire. A ce moment j’avais 17 ans et je ne me rendais pas compte de
l’organisation du service de police. Quand j’ai demandé à partir il m’a été
répondu que je serais envoyée en Allemagne », au mois de septembre
1942, avec un salaire de 3 200 F, ce qui n’est pas rien pour son âge.
Inquiétée par le CDL à la Libération puis arrêtée, un membre de la Résistance va
venir à son secours en expliquant qu’elle lui fournissait des renseignements : « J’étais chargée de taper quelques listes
pour la Trésorerie. Il y avait beaucoup de gens qui allaient à la Gestapo.
J’étais placée près de la fenêtre et je pouvais les voir. Nombreux étaient les
civils qui venaient comme agents : ceux-là n’avaient pas besoin de montrer
leurs papiers. J’ai réussi à me procurer la liste dans le bureau même où je
travaillais. Le chef du service en 1943 était Heerdt, puis le colonel Pulmer.
Beaucoup d’officiers et sous-officiers de la Gestapo étaient Waffen SS. Il y
avait des soldats qui étaient également de la Waffen SS. Grimm, Fischer et
Breuer étaient de la GFP et ils sont venus. J’ai vu souvent venir à la Gestapo
les personnages que vous me montrez. C’est Grimm qui s’occupait surtout des
dénonciations. Les adjoints de Pulmer étaient le Dr Schweinhalmer puis le Dr
Weyse puis M. Barnekow (…) En décembre 1943, une cinquantaine de Bretons du PNB
s’enrôlèrent volontairement dans la Gestapo. Ils portaient l’uniforme de la
Gestapo et partaient très souvent en mission avec les Allemands. Ils gardaient
les prisonniers devant être interrogés et assistaient sans doute aux tortures. Tous
les mois j’étais chargée de préparer les feuilles de salaire de ces Bretons.
Chaque fois je copiais deux ou trois noms que je glissais dans ma chaussure. »
Lorsqu’ils
effectuent des arrestations ou perquisitions chez les résistants, ces policiers
opèrent généralement en civil. Mais, après le débarquement, pratiquement tous sont
en opération contre les maquis, revêtus de leurs uniformes avec un brassard
portant les lettres SD sur la manche gauche, aux côtés d’unités de la
Wehrmacht. Les secrétaires allemandes sont également en civil et ne portent pas
l’uniforme des jeunes filles auxiliaires de la Wehrmacht. La plupart d’entre
elles sont en fait des étudiantes en cours d’études dans les universités
allemandes et ayant des connaissances de français. Elles font un stage de trois
ou six mois au SD de Rennes et regagnent ensuite l’Allemagne, soi-disant pour
reprendre leurs études.
Antennes du SD de Rennes en Bretagne
Aussenkommando
I de Saint-Malo
Considérant
Saint-Malo comme un point sensible, le SD de Rennes y installe une Aussenstelle,
qui sera supprimée au printemps 1944. Elle est située villa des « Quatre
Vents », chemin de la plage à Rochebonne. Ce poste, commandé par Émil Luck
en 1943, comporte cinq agents : Roth, Landwehr, Schultz, Oeft, et Rudolf
comme interprète. Le SD travaille avec la Feldgendarmerietrupp 511 de la
Kreiskommandantur de Saint-Malo.
Aussenkommando
II de Saint-Brieuc
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Roger Elophe, SD Saint-Brieuc |
Ce
poste est en place depuis l’automne 1941 dans une villa au 5, boulevard
Lamartine. Son activité s’étend sur tout le département et il est en relation
directe avec Rennes, d’où des agents, notamment Fischer et Breuer, viennent
constamment pour les opérations importantes. En juillet 1944, on dénombre huit
agents et deux interprètes. Le chef est le sergent SS Georg Kuper, qui parle
très mal le français, très actif. Il succède à Paul Hammer. Autres agents : Arno
Thuro, Wilhelm Funke, Rudolf Kiekhaefer, Friedrich Wierse, Ernest Adam, Ernst
Kroll. Une française, qui était
auparavant à Brest, est interprète. Il y a également l’interprète français
Roger Elophe, auparavant à Quimper, qui ne se contentait pas seulement de
traduire mais donnait à l’occasion un « coup de main » aux
tortionnaires.
Aussenkommando
III de Brest
Cet
Aussenkommando a son siège à l’école Bonne-Nouvelle, en Kérinon-Lambezellec,
mais étant donné l’importance de la région, il y a également un poste à Morlaix
au 14, quai de Tréguier, qui dépend administrativement de Brest et ne
correspond pas directement avec Rennes. Il ne comporte que trois agents. Le
poste de Brest est dirigé par le lieutenant Georg Roeder. Début juillet 1944, Roeder prend le commandement du Bezen Perrot et de
la SSP de Rennes qui, avec l’appui d’unités allemandes, mènent des opérations
contre la Résistance dans la région Scrignac-Carhaix. Autres membres :
sous-lieutenant Johannès Adams, sergent-chef Érich Dorendorf, sergent-chef
Hermann Streuer, sergent Heinrich Kettenbeil, adjudant-chef Peter Schoemaker,
sergent Weidmann, sergent-chef Schneider, caporal chauffeur Frank, caporal
chauffeur Kaiser, caporal chauffeur Paul. Une certaine Alice, interprète, était
la maîtresse d’Helmut Reick, du temps ou celui-ci était à Brest, avant de venir
à Rennes. Il y a une autre interprète, prénommée Marie-Louise.
Aussenkommando
IV de Quimper
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Réunion du SD à Quimper : Huenebeck, Baumann, Fenske, Guenther, Wenzel, Wisberg |
Ajouté le 12 avril 2020 : 6
février 1947, déposition du commissaire de police Eugène Le Faou, qui a bien
connu le SD de Quimper, installé au 15, rue Laënnec :
-
Fenske Paul, 40 à 50 ans, secrétaire de police dans le civil, grand, large
d’épaules, paraissant peu intelligent, mais têtu et vaniteux. Très zélé pour la
recherche des patriotes français qu’il détestait. Caractère froid, chef du
service.
-
Gunther Oscar, adjudant, sous-chef, tout dévoué au service, homme sournois,
parlant très bien le français mais ne le laissant pas paraître. Il s’occupait
surtout de la fourniture de victuailles à ses collègues.
-
Tholert Oscar, adjudant, détestait les Français qui, pour lui, étaient tous des
menteurs. Il s’adonnait à la boisson et était sujet à des crises de delirium-tremens,
spécialiste dans la torture des patriotes arrêtés.
-
Webert Erich, adjudant, journaliste de profession, lettré, il semblait s’occuper
d’avantage de photographies de livres que de son métier, mais obéissait
aveuglément aux ordres de son chef qu’il paraissait pourtant mépriser.
Personnage intriguant, onctueux, obséquieux, il parlait très couramment le
français et avait réussi à se faire admettre dans certaines familles françaises
de la région. Il s’occupait plus spécialement de rechercher des individus
susceptibles de renseigner le service.
-
Wenzel Nier, caporal, d’origine sudète, exerce la profession d’employé de
bureau dans le civil (Caisse d’Épargne), peu intelligent, en admiration devant
la Grande Allemagne, sournois, traître, bon à tout, il exécutait les
corrections corporelles lors des interrogatoires des Français.
-
Wisberg Hans, chauffeur du service, profession jardinier, marié, caractère
brutal, noceur. Le 3 avril 1944 il fut arrêté par ses collègues et dirigé sur
la prison de Fresnes. De là il aurait été conduit sur le front russe (J’ignore
les motifs de cette sanction).
-
Hunnebeck Oscar, soldat-chauffeur, un peu le genre du précédent, plus raffiné
cependant, il participait aux « corrections corporelles ».
-
Bulbring Else, dactylo, femme vulgaire, paraissant plus faite pour être femme
de ménage que dactylo, elle était la maîtresse du chef Fenske et anti-française
acharnée.
-
Schwartz, caporal, professeur de français en Allemagne, venu à Quimper pour
remplacer l’interprète français Roger Elophe, qui quitta cette ville vers le
mois de décembre 1943 pour se rendre à Saint-Brieuc. Il n’était pas nazi et semblait
détester la fonction qu’il remplissait, ainsi que son chef.
-
Elophe Roger, interprète français, condamné après la Libération par la Cour de
Justice de Saint-Brieuc aux Travaux forcés à perpétuité.
Aussenkommandos
du Morbihan
Le
Morbihan étant l’un des départements bretons où la Résistance était la plus active et la mieux organisée, le SD y installe logiquement plusieurs postes qui, fait rare,
travailleront en relation étroite avec la Feldgendarmerie et des unités de la
Wehrmacht : Russes blancs, Ukrainiens et autres Géorgiens. C’est dans ce
département, au mois de juillet 1944, que vont être commis les pires exactions
et crimes de guerre commis par des policiers SD en provenance de Rennes et
Quimper. Celui qui aura le plus marqué les esprits étant l’exécution, le 12
juillet à Plumelec, du capitaine Marienne et de ses parachutistes SAS en
uniforme et désarmés, par Fischer et la bande à Zeller.
Installé
au 43, rue Jeanne d’Arc, ce poste est commandé jusqu’à Pâques 1944 par le
lieutenant SS Kursawa, qui vient de la section IV de Rennes où il était très
estimé de Pulmer. Le sous-lieutenant SS Baack lui succède jusqu’à la
Libération. Autres agents : Stiller, Knaupf, Cruel, plus quatre autres
membres non identifiés.
Einsatzkommando
de Pontivy
Ce
poste, créé au printemps 1943, période d’éclosion des maquis, est destiné à la
surveillance d’un point sensible situé à peu près à mi-chemin de Vannes et
Saint-Brieuc. Il est installé au 40 bis, rue Nationale à Pontivy. Il est dirigé
par le sous-lieutenant Hammer, qui vient du poste de Saint-Brieuc, avec qui il
maintient la liaison. Il est secondé par le capitaine Dobbler. Autres
agents : sergent-chef Hedrich, sergent Schnauer, passé adjudant et muté à
Locminé, caporal-chef Adler, caporal-chef Heide, Sonderführer Bariekers. La
liaison avec Rennes est effectuée par Hermann Wenzel et Fischer. Wenzel semble avoir
dirigé le poste en juin et juillet 1944, les deux mois les plus meurtriers pour
la Résistance morbihannaise.Une notice le concernant a été rédigée le 16 mars 1945 par le 5e Bureau de la 11e Région militaire de Rennes :
"Dr Wenzel
Hermann, Hauptscharführer, dit “Mexicano”. Vient de la GFP. A Lorient, au moins
de décembre 1941 à juin 1942 inclus comme membre de l’Unité : Gru. Geh. Feldpolizei
2. 3 Kommissariat Feldpostnummer 26. 918.
Grade : Uffr. Und H.F.P.B. (H Feldpolizeibeamte)
Membre du
SD de Lorient jusqu’à la dissolution de ce poste en février 1943.
A fait partie
du service SD de Pontivy dès le début 1943 comme SS Oberscharführer et adjoint de
Hammer, chef du SD de Pontivy."
Le groupe quitte Pontivy le 3 août vers 15 h 30 à
bord de six Citroën noires.
Kommando
de Locminé
Le
poste de Locminé, ville tristement connue pour ses geôles où ont été torturés
les résistants morbihannais, est commandé par le lieutenant Werner Goy, 33 ans, parlant très
bien le français, originaire de Stuttgart. Il est secondé par l’adjudant
Schnauer, qui était à Pontivy, originaire de Hambourg, ne parle pas français.
Autres agents : caporal-chef Schulze, sergent-chef Pesentheimer, vient de
la section IV de Rennes, sergent-chef Gewicke, capitaine Wolf, arrivé début
juillet de la section V de Rennes, sergent-chef Heindrick, s’occupe du
ravitaillement, Bruser, sous-officier de la GFP, interprète de Schnauer.
28 janvier 2020. Les résistants exécutés dans le bois de Botségalo en Colpo, les 18 et 22 juillet 1944, ont été abattus un par un d'une balle dans la nuque par le sergent-chef Ferdinand Suess et le sergent-chef Gewicke ( Interrogatoire d'André Geffroy du Bezen Perrot.)
Kommando
de Lorient
Ce
poste a été supprimé après les bombardements qui ont causé l’évacuation de la
ville. Il était dirigé en 1941 et 1942 par l’adjudant SS Wenzel. Le seul membre
identifié est Paul Hammer, du SD de Saint-Brieuc.
Il y avait également un poste du SD et un groupe du Bezen Perrot à Guémené-sur-Scorff.
L’Ordnungspolizei (ORPO)
Moins
connue que la Gestapo ou le SIPO-SD, l’Ordnungspolizei (ORPO), sous les ordres
de Karl Oberg, est composée de bataillons de police essentiellement stationnés
à Paris, où se trouve le siège, rue de la Faisanderie, avec quelques kommandos
régionaux. Le seul poste de l’ORPO en Bretagne se trouve à Rennes, au 8, Bd
Volney. Il est dirigé depuis 1942 par le commandant Eichmann, qui vient de la
Schupo. Il est assisté par le capitaine Eckert, venu d’une unité d’infanterie
après avoir été blessé sur le front de l’Est. Il y a également un interprète,
Lucke, deux plantons plus une dactylo. L’ORPO a surtout une fonction
administrative en supervisant le travail de la police française et donnant des
directives générales, mais sans s’immiscer dans l’organisation même des
services : gendarmerie, corps urbains, GMR, gardes-voies et
communications. Le commandant Eichmann, Eckert et Lucke prennent leurs repas au
mess du SD mais les relations entre Eichmann et Pulmer sont assez tendues, par
suite de l’opposition de caractère entre les deux hommes : Pulmer violent
et autoritaire, Eichmann plutôt compréhensif et ne faisant pas preuve d’assez
de zèle national-socialiste aux yeux du premier.
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Adolf Breuer et Marie-Thérèse Honorez |
Connaître
avec précision le nombre de patriotes arrêtés, torturés, déportés ou fusillés
par les policiers du SIPO-SD est évidemment impossible. Les estimations les
plus fiables avancent le chiffre de 2 000 résistants passés entre
leurs mains. Ce qui est considérable, lorsque l’on sait que les effectifs
étaient d’environ 170 agents pour toute la Bretagne. Ce résultat aurait été
impossible sans les renseignements fourni par un vaste réseau de plusieurs
centaines d’indicateurs ou d’agents issus des différents partis
collaborationnistes de Bretagne. Une liste a été découverte rue Jules Ferry à la Libération. Chaque agent avait un n°, précédé des lettres SR, qui signifient Sicherheistpolizei de Rennes. Cette liste est a manipuler avec beaucoup de précaution. Lors de son interrogatoire, Breuer déclare en effet : " Je dois préciser qu'il peut arriver qu'un n° SR ait été attribué à un homme qui n'a pas travaillé pour nos services comme indicateur." L'interprète Marie-Thérèse Honorez cite le cas Yann Fouéré, SR 715 : "Fouéré Yann, journaliste, n'a pas fourni de renseignements à la police mais bien à la censure allemande du quai Lammenais." Il s'agit de la Propaganda-Staffel, qui n'a rien à voir avec le SD.
Le 3 août 1944, un convoi se forme devant la
Maison des étudiante puis prend la direction de l’Allemagne avec à son bord le
personnel du SIPO-SD de Rennes, le Bezen Perrot et quelques civils, femmes et
enfants du PNB. A part Adolf Breuer et sa maîtresse, l’interprète
Marie-Thérèse
Honorez, qui ont été arrêtés à Bruxelles, alors qu’ils étaient entrés en
Belgique avec un convoi de réfugiés allemands en 1945, nous ne savons pas ce
que sont devenus les autres officiers et sous-officiers du SD, recherchés comme
criminels de guerre. Interrogé à deux reprises, Breuer va livrer plusieurs
informations. La Cour de justice de Rennes ayant réclamé son extradition, il va
se suicider dans sa cellule.
Ci-contre feuille d'entrée au SD de l'agent SR 701 Joseph le Ruyet : "Est secrétaire au PNB. S'engagea pour travailler, veut se faire de l'argent. Consent à être à l'affut en tout temps. Renseignements vérifiés exacts. Convient très bien aux enquêtes sur les questions religieuses et universitaires. A notre service depuis le 1er février 1942." Le 7 février 1944, avec Ange Péresse du Bezen Perrot, lui aussi originaire de Bubry, Le Ruyet participe à une rafle aux côtés des Allemands dans sa propre commune natale. En rétorsion, le 14 avril suivant à Bubry, sa sœur Hélène sera abattue en plein jour de deux balles dans la tête par quatre hommes masqués.
S'il ne fait aucun doute que c'est en Bretagne que la Résistance fut la plus précoce, avec un pourcentage d'engagés volontaires aux FFL quatre fois supérieur à celui de la France par rapport à la population adulte masculine, j'incline à penser que c'est aussi la région qui a fourni le plus de mouchards à la Gestapo.