Rarement une affaire n’aura
autant suscité d’intérêt dans les médias que celle des trois pendues de
Monterfil, tant ce drame cristallise à lui seul toutes les passions liées à
l’épuration extra-judiciaire de la Libération. Ces femmes, connues pour
« fricoter » avec les « Boches », comme l’on disait alors, ont
vécu un « véritable calvaire » pour les uns, un « chemin de
croix » pour les autres, tels les trois crucifiés du Golgotha. Suppliciées
pendant trois jours, elles se verront même refuser l’assistance d’un prêtre,
avant d’être pendues puis jetées dans un trou creusé au préalable, pour finir enterrées comme des bêtes, sans le moindre linceul ni cercueil ; victimes expiatoires des compromissions et lâchetés collectives de quatre années d'occupation. Dans une région à forte tradition catholique et conservatrice, la
symbolique n’est pas anodine. Si l’on ajoute à ce drame le fait que son
responsable n’est autre que le fils du plus gros notable de la commune, on
comprendra que cette affaire soit longtemps restée un « sujet
tabou », pour reprendre l’expression la plus souvent citée dans les
commentaires. Passée la Libération, d'après le nouveau maire de la commune, Pierre Leborgne : « La population de Monterfil juge actuellement
très mal M. Oberthur depuis la pendaison des trois femmes et dont il est
inquiété dans l’affaire. M. Oberthur a eu une vie agitée jusqu’à présent. Je
n’ai aucune vengeance contre lui. Il boit, ce qui le rend assez brutal. La
famille Oberthur est propriétaire de plusieurs fermes à Monterfil et le père
ayant été maire pendant plusieurs années, des renseignements précis sur l’inculpé
sont très difficiles à obtenir. M. Oberthur, père, est très bien considéré. »
Plusieurs autres dépositions confirment cette intempérance, accompagnée de
violences. Autant que la tonte de ces femmes, malheureusement en usage dans les cas d'accusation de
« collaboration horizontale », ce sont surtout leurs pendaisons, après un simulacre de procès, qui ont suscité la réprobation générale. Au
lendemain de la Libération en effet, ces femmes ne présentaient plus aucun danger pour leurs bourreaux, qui n’étaient probablement pas ce que la
Résistance a produit de mieux.
Il ne s'agit pas ici de mettre un terme définitif aux recherches de la vérité. Ma communication présentera bien des lacunes, mais un autre viendra après moi qui trouvera ce que je n'ai pu découvrir. Il est facile, et ça ne coûte pas cher, 70 ans après, de s’indigner contre les exactions commises par certains résistants. Il ne faudrait cependant pas oublier le contexte local très particulier de cette période de la Libération. Pour bon nombre d’habitants de la commune, la présence allemande au camp des « Chênes-Froids » ne présentait pas que des côtés négatifs. Les affaires marchaient bien. Ne pas oublier non plus que parmi les femmes qui s’affichaient publiquement avec l’occupant – cibles toutes désignées pour les résistants de la dernière heure en mal de virilité – certaines ne se contentaient pas de coucher. Elles parlaient aussi sur l’oreiller. Les tensions étaient alors exacerbées par quatre années d’occupation et d’exactions en tout genre commises dans la région contre la Résistance par les Allemands et leurs séides de la Milice. Il faut donc se garder, à partir du comportement injustifiable de quelques « patriotes », de jeter l’opprobre sur l’ensemble des FTP et FFI bretons.
Il ne s'agit pas ici de mettre un terme définitif aux recherches de la vérité. Ma communication présentera bien des lacunes, mais un autre viendra après moi qui trouvera ce que je n'ai pu découvrir. Il est facile, et ça ne coûte pas cher, 70 ans après, de s’indigner contre les exactions commises par certains résistants. Il ne faudrait cependant pas oublier le contexte local très particulier de cette période de la Libération. Pour bon nombre d’habitants de la commune, la présence allemande au camp des « Chênes-Froids » ne présentait pas que des côtés négatifs. Les affaires marchaient bien. Ne pas oublier non plus que parmi les femmes qui s’affichaient publiquement avec l’occupant – cibles toutes désignées pour les résistants de la dernière heure en mal de virilité – certaines ne se contentaient pas de coucher. Elles parlaient aussi sur l’oreiller. Les tensions étaient alors exacerbées par quatre années d’occupation et d’exactions en tout genre commises dans la région contre la Résistance par les Allemands et leurs séides de la Milice. Il faut donc se garder, à partir du comportement injustifiable de quelques « patriotes », de jeter l’opprobre sur l’ensemble des FTP et FFI bretons.
Décembre 1943
Avant d’aborder ces sinistres
journées, il convient au préalable d’évoquer une affaire
qui s’est produite l’année précédente et dont les conséquences ne sont certainement
pas étrangères à ce qu’il adviendra plus tard. En effet, le 12 décembre 1943, une
altercation se produit au café Boucard, situé au lieu-dit des Quatre Routes à
Iffendic, entre un groupe de patriotes et Germaine Guillard, accompagnée d’un
soldat allemand avec qui elle semblait au mieux. Ces hommes sortaient d’un
restaurant proche après un repas bien arrosé. Des coups et insultes furent
échangés. D'après Mme Boucard : « Germaine
Guillard aurait dénoncé Pierre Bobet. Suzanne m’était inconnue. Je suis
certaine qu’elles devaient être rémunérées. Je ne suis au courant de rien des
autres dénonciations. La fille Guillard s’est rendue en Allemagne m’a-t-on
dit ? » Le lendemain, sept soldats allemands, accompagnés de
Germaine Guillard, arrêtent Mathurin Ravaudet, négociant en bois de
Montauban-de-Bretagne « Le 13
décembre 1943, la fille Guillard d’Iffendic s’est présentée chez moi en
compagnie de sept boches. Étant absent, les Allemands ont fait ma femme monter
dans leur camion pour venir me chercher à Saint-Méen-le-Grand. Les boches m’ont
arrêté et conduit à la kommandantur de Monterfil où la fille Guillard a demandé
à ce que je sois tué de suite, car elle craignait d’être tuée par la suite. » De Monterfil, Ravaudet est emmené à la
Gestapo de Rennes puis écroué à la prison Jacques Cartier sans être interrogé « Je suis sorti de prison par l’intermédiaire d’une tierce personne. Les
boches ont d’ailleurs reconnu que j’avais été dénoncé par méchanceté comme
étant le chef de la Résistance de Montauban. » Deux semaines de prison pour avoir frappé un soldat allemand, l'homme s'en tire plutôt bien. Autre fait, et qui n’est pas
sans lien avec cette arrestation, Marie Guillard, la mère de Germaine, avait
fait l’objet d’une plainte déposée par Ravaudet pour vol de bois. Huit mois
avant leur triste sort, il ne fait donc aucun doute que Germaine Guillard, dont
les relations avec l’occupant, sous l’œil apparemment bienveillant de sa mère,
ne sont un mystère pour personne dans la région, est dans le collimateur de la
Résistance.
Mercredi 2 août
Le 2 août 1944, les Américains
sont aux portes de Rennes depuis déjà deux jours et doivent faire face à la
résistance d’une batterie allemande installée à Maison-Blanche. Une colonne de
blindés contourne alors la ville par l’Ouest et se dirige vers Montfort-sur-Meu, puis Talensac,
communes qui seront libérées le 3 août. Du côté des troupes d’occupation, l’heure du repli a
sonné. C'est le cas au camp des Chênes-Froids, que les Allemands quittent en essayant
d’y mettre le feu.
Ce mercredi 2 août à Monterfil « Le
dernier Boche ayant à peine montré les talons, trois femmes furent arrêtées »,
écrira Le Journal de l’Ouest du 5
juin 1949. En effet, dans l'après-midi, un groupe de jeunes résistants
procède à l’arrestation de quelques femmes employées au camp. « Les femmes en question ont été arrêtées en
pleine clandestinité, et non après l’arrivée des troupes alliées. Elles ont été
emmenées dans notre maquis situé au lieu-dit « Le Bout » en forêt de
Paimpont pour être questionnées sur leur action anti-française » déclare pourtant
Louis Oberthur, chef de la résistance locale depuis son retour de captivité. Avant-guerre, Louis Oberthur a fait partie de « Solidarité française », une des ligues d'extrême-droite fondée par François Coty dans les années trente. Il est ensuite mobilisé
« Á l’âge de 40 ans, j’ai été
combattant volontaire au 25e GRDI. Je crois m’être comporté en bon
Français ayant été cité à l’ordre du GRDI. 19 mois de captivité. Résistance au
camp en Allemagne, refus de travail. Retour en France et organisation
immédiatement de la Résistance dans ma région pour le salut et la gloire de la
patrie » Fortuné, n’étant pas soutien de famille, ce prisonnier a
beaucoup de chance, ou bénéficie de bonnes relations pour être ainsi
libéré. Par contre on ne sait pas réellement la date de son entrée effective dans la Résistance, à savoir avant ou après le débarquement du 6 juin : « Revenant d’Allemagne où
j’étais prisonnier, en janvier 1942, j’ai décidé de continuer la lutte et à
remplir mon devoir de français. Une occasion m’était offerte, habitant une
région où la Gestapo et la Milice française menaient une grande activité, j’ai
décidé de former un groupe de Résistance. Ce groupe devenait peu à peu plus
important. A la Libération, il était environ d’un bataillon. J’étais chef de ce
groupe de Résistance. Dans le courant de l’année 1944 un responsable de
départemental de la Résistance, Costes, a pris la direction de ce groupe que je
commandais en second. Nous avons pris part à de nombreux actes de Résistance,
notamment en forêt de Paimpont. Nous nous sommes livrés à la guérilla et nous
prenions part à des opérations de campagne. Malheureusement, de mauvais
patriotes, des femmes notamment, ayant des attaches avec la Gestapo, se sont
évertuées à mettre en échec notre action. Ces femmes sont : les nommées
Simone Guillard, la dame Guillard sa mère, et une demoiselle Suzanne. Ces
femmes qui volontaires pour le travail en Allemagne, ont fait un séjour dans ce
pays, sont revenues quelque temps après dans la région de Monterfil, munies de
papiers allemands attestant leurs attaches avec la Gestapo. Ces femmes ont
menées leur action contre nous d’une façon active. A plusieurs reprises elles
ont dénoncé à la Gestapo et à la Milice notre groupe qui a été obligé de se
déplacer plusieurs fois pour échapper aux recherches de la Gestapo et de la
Milice. Notre groupe a failli être mis en pièce à Lignières-la-Doucelle où nous
avions été appelés en renfort. La vie de notre groupe devenait impossible par
suite de la dénonciation de ces femmes, qui ont également dénoncé
nominativement moi-même, ma sœur et une dizaine d’autres camarades dont André
Leclerc, lequel saisi par la Milice a été martyrisé. S’il y avait un mot plus
fort il faudrait l’employer. Voici les souffrances qu’a dû endurer
Leclerc : on lui a arraché les testicules, perforé le nez avec un fer rouge,
on lui a enfoncé un caque chauffé à blanc sur la tête, on lui a arraché les
ongles… Pour honorer la mémoire de ce martyr, mon groupe s’est appelé le groupe
Leclerc et nous avons tous fait le serment de le venger. Nous avons juré de
nous saisir de ces femmes et leur faire payer un juste châtiment. Le lieutenant
Tacail, actuellement à l’État-Major de la XIe Région Militaire
pourra vous confirmer ce serment. Cinq ou six jours avant la Libération,
c’est-à-dire vers la fin du mois de juillet, profitant que les Allemands
relâchaient un peu leur surveillance du fait de leurs préparatifs de leur
départ, j’ai commandé à quatre de mes hommes dont Roger Rahier, Bobet, Raffat,
d’aller arrêter ces femmes. De ces hommes je connaissais seulement l’adresse de
Bobet, agent d’assurance à Montauban-de-Bretagne, et de Roger, actuellement à
Châteauroux, Maréchal des logis chef. L’opération a réussi, ces femmes ont été
arrêtée et emmenées dans la forêt de Paimpont au lieu-dit « Le
Bout ». Je n’étais pas là au moment où ces femmes ont été emmenées à mon
PC. J’en ai été informé par des agents de liaison. » Oberthur, qui a
une vision assez élastique du calendrier, sait très bien que l’arrestation de
ces suspectes n’aura pas le même sens devant ses juges selon qu’elle a été
effectuée « dans la clandestinité », avec tous les risques que cela
comporte, et dans ce cas il s'agirait d'un enlèvement, plutôt que la veille de la Libération dans un camp
pratiquement déserté par ses occupants. C’est donc Pierre Bobet, accompagné de
Paul Toquel et d’un certain Crestaud, qui est chargé de l’arrestation. Mais lui
aussi est assez flou sur la date « En
juillet août je reçu un ordre du lieutenant de procéder à l’arrestation de cinq
femmes travaillant au camp, dont Mme Guillard et sa fille. J’ai remis Mme
Guillard et sa fille aux gendarmes de Montfort, le lendemain de l’arrivée des
Américains. Quant à Mme Suzanne je ne connais pas cette femme et je ne me suis
pas occupé d’elle. Je n’ai pas assisté aux assassinats, j’étais au Perray »
Le village du Haut-Perray, en Iffendic, sur la route de Saint-Péran à
Saint-Gonlay, est tout proche du lieu-dit Le Bout, situé en Paimpont. L’endroit
est discret et la ferme de M. et Mme Cailleux sert de refuge aux maquisards
locaux. C’est donc là que sont amenées les femmes le mercredi après leur
arrestation, comme le rappelle L’Ouest-Journal
« Germaine Guillard s’était défendue
contre les coups qui lui avaient été portés et ses vêtements étaient déjà fort
mal en point. Elle fut longuement interrogée, et l’un de ceux qui devaient, 48
heures plus tard, la pendre après l’avoir martyrisée, raconte aujourd’hui – et
l’écho nous en est revenu – qu’elle avoua avoir vendu 17 patriotes. Mais si
l’on demande à ce héros marseillais d’indiquer le nom d’un seul français
« vendu » par Germaine Guillard, et que les Allemands auraient
fusillé, ou envoyé en camp de concentration dont il serait ou non revenu,
l’homme est pris de court, sa mémoire est infidèle et il ne peut donner le
moindre nom (…) Germaine passa la nuit au poste du Haut-Perray. Au matin du
lendemain, jeudi 3 août, Mme Cailleux lui donna à manger. La fermière assure
qu’en sa présence, la prisonnière ne fut pas molestée. »
Le camp des Chênes-Froids aujourd'hui |
Jeudi 3 août
Pendant ce temps, à Rennes, se déroule un autre drame. Vers 4 heures du matin, des hommes et des femmes, l'honneur de la Résistance, sont chargés dans les wagons à bestiaux du dernier convoi de déportation, qui descend non loin d'ici, le long de la Vilaine, où il arrivera à Redon vers 8 heures. Au même moment, Marie
Guillard est arrêtée chez elle, au Pignon Broutu en Iffendic, par Pierre Bobet
et Paul Toquet, qui l’emmènent au Haut-Perray. La mère et la fille vont être
interrogées toute la journée. Il faut reconnaitre que les faits reprochés par
Oberthur aux prisonnières sont particulièrement graves « Les femmes qui furent exécutées à Iffendic
faisaient partie de la Gestapo. Elles travaillaient au camp allemand de
Monterfil et dénoncèrent plusieurs patriotes dont ma mère et ma sœur. Pour ces
raisons nous fument obligés de nous éloigner du pays, craignant d’être arrêtés.
A plusieurs reprises nous avons essayé de nous emparer de ces femmes, et
quelques jours avant l’arrivée des Américains, nous y sommes parvenus. Après
interrogatoire, elles furent conduites à la prison de Montfort où devant
l’adjudant de gendarmerie et les gardiens de la prison elles avouèrent faire
partie de la Gestapo. Elles avouèrent également m’avoir dénoncé, ma sœur
Jacqueline et d’autres patriotes, une dizaine environ. De la prison, elles
furent ramenées au camp FFI de Monterfil où elles furent exécutées par
pendaison. Mes dires seront confirmés par plusieurs rapports dont la plupart
sont en ma possession. » La mère de Louis Oberthur fut certainement une
patriote, mais cela devait être lors de la Première guerre mondiale,
puisqu’elle est décédée en…1924. Quant au séjour en Allemagne, suivi d’un enrôlement
à la Gestapo, inutile de dire que ces accusations sont sans fondement. Nous disposons
aujourd’hui d’une liste très précise d’agents de la Gestapo de Rennes, et le
nom des femmes Guillard n’y figure pas. En fin de journée, les deux femmes sont
emmenées à la prison de Montfort par Ravaudet, qui n’a probablement pas oublié
son séjour à Jacques Cartier « Le 3
août 1944, jour de l’arrivée des troupes américaines à Montfort, je me suis mis
à la recherche de la fille Guillard et de sa mère. A mon arrivée à Iffendic,
j’ai appris que ces femmes avaient été arrêtées par la Résistance de cette
commune dont le chef était M. Blancard et qu’elles se trouvaient au Perray. La
Résistance d’Iffendic a réquisitionné l’autocar de M. Dalibot ou Guillorel et
avec ce véhicule je me suis rendu au Perray. Plusieurs personnes
m’accompagnaient : Bobet, Lemaitre Auguste de Montauban, Cocheu, Guillorel
et Huchet d’Iffendic ; d’autres membres de la Résistance que je ne connais
pas ainsi que les gendarmes Juvénal et Garrault de Montfort. Nous avons pris
ces deux femmes dans notre voiture et les avons conduites à la prison de
Montfort. Je ne me suis plus occupé d’elles par la suite. Quelques jours plus tard, j’ai appris que
Mme Guillard et sa fille avaient été pendues ainsi que Mme Suzanne. Je vous
affirme que je ne suis pour rien dans ces assassinats et je ne puis vous donner
aucun renseignement permettant d’en découvrir les auteurs. J’ajoute que la
fille Guillard a avoué en présence des personnes qui se trouvaient avec moi
lors de mon arrestation, qu’elle avait participé à la dénonciation du fils
Leclerc de Talensac qui fut assassiné par les miliciens et que c’était sa 25e
dénonciation. » La mère et la fille parties, quatre femmes, dont Suzanne
Lesourd, prennent leur place sous la remise du Haut-Perray. Á cet instant,
force est de constater qu’il n’y a pas, de la part de Ravaudet, de volonté de soustraire
les femmes Guillard à la légalité. Comme dans bien d’autres cas d’épuration,
c’est encore en prison que ces femmes étaient le plus en sécurité. Oberthur,
qui n’était pas présent au Haut-Perray, se rend à la prison de Montfort « Elles ont été interrogées sur le champ, puis
le jour de la Libération elles ont été conduites à la prison de Montfort. C’est
là où je suis allé voir ces femmes, le jour de la Libération. Lorsqu’elles ont
été interrogées en ma présence, présence de l’adjudant-chef de gendarmerie
commandant la brigade de Montfort ainsi que les gendarmes de la brigade, le
gardien-chef de la maison d’arrêt et les hommes ayant procédé à l’arrestation. Toutes
les trois ont reconnu avoir appartenu à la Gestapo et dénoncé les patriotes de
mon groupe. C’est l’adjudant-chef de gendarmerie qui les a interrogées. Simone Gaillard a encore reconnu avoir dénoncé
Leclerc, mais elle n’était pas seule coupable de cette dénonciation, le
milicien Geffroy en ayant sa part de responsabilité. Toutes les trois ont
reconnu avoir dénoncé ma sœur et moi-même au commandant du camp allemand de
Monterfil. Elles m’ont dénoncé comme possédant un poste émetteur, ce qui
d’ailleurs était exact. D’ailleurs cette dénonciation pourra vous être
confirmée par une employée française du camp allemand, résistante, appelée
madame Albert. Je ne sais actuellement l’adresse de cette femme, mais son mari
était chauffeur du capitaine Jubin de la 19e DI. » Oberthur se trompe encore, il n’y avait pas trois
femmes à la prison, mais deux. Quant à l’adjudant-chef Quéméner, il se serait
contenter d’assister à l’interrogatoire « Il est exact que dans la nuit du 3 au 4 août 1944, me trouvant à la
maison d’arrêt de Montfort pour l’identification de huit Allemands, j’ai été appelé par Oberthur,
lieutenant de la Résistance, pour assister à l’audition de femmes qui m’étaient
inconnues. Néanmoins, au cours de l’interrogatoire par Oberthur, j’ai compris
qu’il s’agissait de la mère et de la fille, aux demandes directes par Oberthur
à l’effet de savoir laquelle avait dénoncé plusieurs patriotes dont Ravaudet,
Oberthur et d’autres noms que je n’ai pas retenus. La mère a reconnu la
dénonciation de certains et la fille de certains autres. Elles se rejetaient
réciproquement les torts concernant les dénonciations (une douzaine) dont
Ravaudet, Oberthur et sa sœur. J’ai appris le lendemain qu’il s’agissait de Mme
Guillard et sa fille, lesquelles ont été extraites le lendemain de la prison de
Montfort par Oberthur qui les a conduites au camp FFI de Monterfil. » Quéméner pensait-il que ces femmes ne risquaient
plus rien, la commune étant libérée ? Lui a-t-on fait croire qu’elles
seraient livrées à la justice ? Était-il complice d’Oberthur ? On n’en
saura rien, mais c’est bien lui qui remet ces femmes à Oberthur « Á la suite de l’interrogatoire, l’adjudant
de gendarmerie m’a dit que ne possédant pas de mandat d’arrêt contre ces
femmes, il ne pouvait les conserver plus de 24 heures et qu’il était alors
obligé de me les remettre. J’ai donc été amené à prendre une décision à leur
encontre. Devant Costes, actuellement commandant à l’État-major de la XIe Région,
Raffat (Maifray ?), j’ai proposé, je l’avoue, l’exécution sur le champ de ces trois femmes.
Cette décision a été acceptée par les responsables de la Résistance susnommés.
Je me suis chargé de l’exécution de cette décision. J’ai conduit dans ma
voiture hippomobile ces femmes, de la prison à Monterfil, un nommé Émile (Il doit s'agir de Jouet) les
gardait. »
Lors de son audition, Oberthur
sera interrogé sur sa décision de ramener ces femmes à Monterfil :
Demande : « Pourquoi n’avez-vous pas livré ces trois femmes à la justice régulière puisque le territoire venait d’être libéré ? »
Réponse : « Nous étions en pleine désorganisation et en pleine effervescence. Ces femmes comme je vous l’ai dit venaient de m’être remises par la gendarmerie et je ne pouvais les conserver. En outre j’avais juré de venger Leclerc, victime de l’exaction néfaste de ces femmes que je considérais comme des ennemies, des allemandes, et je me croyais autorisé à les abattre puisque nous étions en guerre. »
Demande : « Pourquoi n’avez-vous pas livré ces trois femmes à la justice régulière puisque le territoire venait d’être libéré ? »
Réponse : « Nous étions en pleine désorganisation et en pleine effervescence. Ces femmes comme je vous l’ai dit venaient de m’être remises par la gendarmerie et je ne pouvais les conserver. En outre j’avais juré de venger Leclerc, victime de l’exaction néfaste de ces femmes que je considérais comme des ennemies, des allemandes, et je me croyais autorisé à les abattre puisque nous étions en guerre. »
Vendredi 4 août
Ce vendredi 4 août donc, à l’heure
du laitier, la voiture hippomobile d’Oberthur, dans laquelle ont pris place
Germaine Guillard et sa mère, arrive à la ferme du Haut-Perray où Suzanne
Lesourd et trois autres prisonnières sont encore sous la remise. Que s’est-il
passé à ce moment ? Ces femmes sont-elles de nouveau interrogées ? Probablement. D'après un résistant, Paul Toquet et Pierre Bobet, qui connaissaient les femmes, ont essayé de les défendre, mais en vain. Autre déposition, à prendre avec beaucoup de précaution, celle d’un
certain Georges Portrait qui cite Suzanne Lesourd. Cela n’a donc pas pu se
passer à Montfort « Le 4 août 1944
dans la matinée, trois femmes qui avaient été arrêtées par la Résistance ont
été interrogées en ma présence. Il s’agit de Mme Guillard et sa fille, plus
Suzanne. Les deux d’Iffendic ont avoué avoir fait partie du parti dit des
« Chemises bleues » et avoir fait arrêter plusieurs français par les
Allemands. Les deux femmes Guillard accusaient Suzanne d’avoir livré des
Français aux Allemands. Elles l’invitaient à dire la vérité en lui
disant : « Avoue donc puisque tu as fait comme nous et que tu étais
avec nous ». Suzanne n’a jamais avoué.
Les trois femmes ont été emmenées
après l’interrogatoire vers huit ou neuf heures par les FFI et M. Oberthur qui
conduisait la carriole. On m’a dit qu’on les emmenait à Monterfil, au camp.
Deux ou trois jours plus tard, j’ai su que ces trois femmes avaient été
pendues. Je ne me souviens pas si ces femmes ont avoué avoir dénoncé M.
Oberthur et sa sœur. » Les « Chemises
Bleues » sont un mouvement de jeunesse du Parti Franciste, réputé pour sa
violence. Là encore, nous disposons de 266 fiches individuelles d’adhérents de ce parti récupérées
par le CDL. Il n’y a aucune fiche au nom de Guillard. Quoi qu’il en soit, les trois autre
femmes sont relâchées. Restent donc Germaine Guillard, sa mère, et Suzanne
Lesourd qui arrivent à Monterfil vers neuf heures, tondues et le visage tuméfié,
pour être exposées sur la place du bourg jusqu'à 13 heures. Ces malheureuses
vont à nouveau être chargées dans la carriole puis exhibées dans les villages
environnants. Il faut croire que les témoins sont devenus amnésiques puisque
ce pitoyable périple ne figure pas dans les dépositions. Quoi qu’il en soit, la charrette d'infamie revient au village en fin d'après-midi « Arrivé à Monterfil je me suis fait accompagner de dix hommes et les ai
conduits dans un bois à proximité. Jusque-là je n’avais pas dit aux femmes que
j’allais les exécuter. Elles devaient bien s’en douter cependant. Arrivés sur
les lieux du supplice je leur ai dit : « Avez-vous une prière à faire
et une dernière volonté à exprimer. Vous allez mourir » Elles n’ont rien
répondu. Les femmes n’ont pas même bronché. Elles ne paraissaient même pas
émues. J’avais au préalable fait préparer des cordes fixées à des arbres et
creuser trois tombes. Á un commandement de ma part, les femmes ont été pendues.
L’exécution s’est passée sans que ces femmes expriment la moindre plainte.
Vingt minutes après, lorsque j’ai eu la conviction que ces femmes avaient vécu,
j’ai commandé au maréchal des logis chef Royer (Lire plutôt Rahier, maréchal-ferrant) de procéder à leur inhumation.
Quant à moi j’étais parti ne pouvant voir plus longtemps un tel spectacle qui
m’écœurait bien que j’eusse la conviction d’avoir accompli mon devoir. J’estime
que cette exécution a eu lieu d’une façon aussi humaine qu’il était possible. »
Oberthur est interrogé par le juge d’instruction : « Il résulte cependant d’une déclaration du
sieur Guillard, mari d’une des victimes, qu’avant l’exécution ces femmes ont
été frappées et meurtries de coups et que le ministère d’un prêtre et les
secours de la religion qu’elles réclamaient leur a été refusé en ces termes
« Le curé, il peut courir, vous avez vécu comme des chiennes, vous
crèverez comme des chiennes ». Réponse : « Ceci est totalement faux. Je l’affirme en
toute sincérité. Je me demande comment Guillard peut rapporter de telles
paroles qui n’ont jamais été prononcées, et que mes hommes n’ont certainement
pas inventées. » Nous savons que l'abbé Detoc, curé de Monterfil, est intervenu auprès du père de Louis Oberthur, qui l'a rassuré en lui disant qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète. Á la fin de son audition, Oberthur déclare au juge :
« En qualité de lieutenant de
l’armée Française, je déclare prendre toute la responsabilité de la pendaison
de ces trois femmes et je désire que nul autre ne soit inquiété. Un bataillon
entier peut venir, le cas échéant, commandant en tête, témoigner sur cette
exécution. » La suite de ce qui s'est passé dans ce qui deviendra le « Bois maudit » est connue. Je ferai donc grâce au lecteur des détails sordides de ces pendaisons.
Le Bois maudit après les recherches infructueuses de Suzanne Lesourd |
Rappelons toutefois qu'après ce drame, d’autres
personnes de la région, suspectées de collaboration, dont des femmes déjà tondues, vont être
amenées au château Oberthur pour y être interrogés par les FFI, dont Émile Jouet, de la compagnie
du capitaine Jubin, arrivée le 4 août à Monterfil, alors que le sort des trois
femmes était déjà scellé. Dans un témoignage d'après-guerre, Émile Jouet, affirme qu'aucune femme n'a été tondue ou frappée lors de ces interrogatoires. Dans l'article de L'Ouest-Journal reproduit plus bas, Bobet déclare pourtant que c'est Jouët qui menait les interrogatoires du Haut-Perray le 2 août. Les personnes retenues au château seront ensuite dirigées vers le camp Margueritte à Rennes. C'est là que des accusations ont été portées après-guerre contre les FFI par deux collaboratrices de la région. Ce témoignage de seconde main a été recueilli par l'épouse d'un milicien recherché et qui sera confondu par erreur avec M. Guillard, auprès d'une dénonciatrice de Montfort-sur-Meu, chez qui ont été trouvés des documents allemands, et qui sera elle-aussi confondue par erreur avec Suzanne Lesourd. Le capitaine Jubin était à Rennes lorsque les trois femmes ont été pendues et a toujours dit après-guerre qu'il n'aurait pas laisser faire cela s'il avait été à Monterfil ce jour-là.
Documents annexes
Supérieur hiérarchique de Louis Oberthur, qui le cite à plusieurs reprises,
le commandant Noël Costes (FTP) n'a d'autre choix que de couvrir son subalterne, mais prend bien soin de rappeler que n'étant pas là, il n'a rien vu ni rien entendu
« J’étais chef départemental de la
Résistance et j’avais sous mes ordres Oberthur qui commandait la compagnie de
Monterfil. J’avais par conséquent des relations constantes avec lui. J’avais
été mis au courant de l’action néfaste de la dame et de la demoiselle Guillard,
la demoiselle Suzanne. Je ne suis pas certain que celles-ci appartenaient à la
Gestapo, mais elles ont dénoncé des jeunes gens de la Résistance. C’est l’une
d’elle qui a dénoncé le résistant Leclerc qui a été martyrisé par la Milice.
Depuis déjà longtemps, environ un mois avant la Libération, j’avais ordonné
l’arrestation de ces trois femmes et leur jugement. En sommes l’arrestation qui
a été pratiquée sous le commandement d’Oberthur l’a été suivant mes directives.
Je n’étais pas présent ni au moment de leur arrestation ni au moment de leur
exécution. Ce n’est que le 7 août à Rennes que j’ai appris soit par Oberthur,
soit par (illisible) que ces femmes
avaient été arrêtées et exécutées.
- Demande : Cependant il résulte des déclarations faites par
Oberthur lors de son interrogatoire de 1ère comparution en date du
27 juin 1945 et dont je vous donne lecture que vous étiez présent à Montfort
quelques heures avant l’exécution de ces femmes et que Oberthur ayant proposé
cette exécution vous aurait demandé votre assentiment ?
- Réponse : Il y a erreur. Je n’étais pas présent à Montfort à
cette date. Je maintiens mes déclarations précédentes. Mais je sais que la
décision de cette exécution a été prise d’accord avec (nom
illisible), Tacail, le lieutenant Méhaye et deux ou trois autres, tous
chefs de la Résistance qui formaient une sorte de conseil de guerre.
- Demande : Savez-vous quelque chose au sujet de l’exécution en
elle-même ? Les victimes dont il s’agit ont-elles été torturées ?
- Réponse : Je ne sais absolument rien de l’exécution en
elle-même. Je n’ai jamais entendu dire qu’elles avaient été torturées. Je ne
vois pas l’intérêt qu’il y aurait eu à les torturer avant de les exécuter. En
résumé cette exécution me semble entièrement justifiée. En tous cas
l’arrestation a eu lieu conformément aux ordres que j’avais donnés, en outre
l’exécution a été décidée par un conseil de guerre régulier puisqu’il était
composé de tout l’état-major de la Résistance de la région sauf moi.
Il y avait un C.O. qui était (illisible, commissaire
aux opérations). Avant de partir pour Rennes je lui avais délégué tous
mes pouvoirs. Ensuite il y avait un C.T. (commissaire
technique) lieutenant Méhaye. Je n’avais pas à être présent ni à
l’exécution ni au jugement. Si j’avais été là je ne sais pas si j’aurai changé
la solution. En tous cas je vous affirme que s’il est exact qu’elles ont
reconnu être responsables de la mort de Leclerc, je n’aurai pas hésité à les
faire exécuter. Cependant, si j’avais été là il est possible que j’aurai
peut-être pris la décision de livrer ces femmes à la justice régulière.
Toutefois en raison des circonstances, je comprends la décision prise et mise à
exécution d’autant plus qu’elle l’a été par des responsables de la Résistance
qualifiés. »
S’il ne fait aucun doute, dans
cette affaire de Monterfil, que les femmes Guillard ont dénoncé aux Allemands
le groupe de patriotes présent au café Boucard en décembre 1943, arrestation
qui se terminera heureusement sans déportation ni victimes, l’accusation la
plus grave, et qui revient le plus souvent pour justifier l’exécution de ces
femmes, reste la dénonciation d’André Leclerc, jeune résistant de Talensac,
martyrisé par la Milice. Le lieutenant René Tacail, déjà cité, a également été
auditionné « Dénonciation de
nombreuses personnes ainsi que Ravaudet, moi-même, Rayer et un électricien
appelé « Joé ». Je n’ai pas la certitude qu’elles ont dénoncé
Leclerc. Je ne sais pas si ces femmes appartenaient à la Gestapo. Nous devions
venger Leclerc. Cette exécution est justifiée (rapport adressé au général
Allard). Deux « collabos » ont fait l’objet d’une enquête à
ce sujet après la Libération : Gaston Jehannin, de Talensac, et André
Geoffroy (Qui n’a rien à voir avec son homonyme du Bezen Perrot). Ils sont tous les deux
membres du Parti National Breton. Jehannin fait du marché noir et livre du
cidre à la Milice au lieu-dit La Croix-Rouge à Rennes. La veille de l’arrestation
de Leclerc, il a vendu un fut de cidre à Schwaller, le chef de la Milice. Il a
également été vu à la Croix-Rouge le jour de l’arrestation. D’après un rapport
de police « Leclerc a dû être
dénoncé par quelqu’un du village. Beaucoup de faits désignent Jehannin ».
Marie-Louise Haudoin, qui est la secrétaire d’Alain de Saint-Méloir, délégué
régional de la LVF, déclare avoir entendu de Saint-Méloir dire à Schwaller :
« Jehannin m’a parlé d’un nommé
Leclerc de Talensac. Vous n’avez qu’à aller là-bas, vous aurez d’autres
renseignements. Le soir même Leclercq était arrêté puis fusillé » André
Geoffroy, agent recruteur du PNB, est également membre de la LVF et de la
Milice « Leclerc a été arrêté le 17
juin vers 21 heures par Schwaller et le milicien Le Guennec. Dans la nuit des
miliciens sont venus à Talensac en voiture et ont arrêté Clément Villoury et
Henri Gloux. André Leclerc était assis dans la voiture. Il en fut extrait, il
avait la mâchoire brisée et ne tenait plus debout. Il a été trainé par les
cheveux sur la route. » D’après lui « Leclerc avait été arrêté parce que son nom avait été trouvé par
Schwaller sur un autre jeune arrêté auparavant ». Mais comme souvent
dans ce genre d’affaire, personne ne peut dire avec certitude qui a dénoncé le
jeune homme. Les preuves manquent. Jehannin, Geoffroy, Haudoin seront bien
confrontés, mais tous maintiennent leurs déclarations. Accuser les trois
pendues de Monterfil d’avoir dénoncé le jeune Leclerc ne repose donc sur rien
de solide. Les
procès-verbaux des auditions ou dépositions étant manuscrits, des erreurs de ma
part dans la retranscription des patronymes sont possibles.
Sources
- Déposition d’Oberthur à la
gendarmerie de Plélan-le-Grand, 3 mars 1945.
- Audition d’Oberthur par le
Tribunal Militaire Permanent de la XIe Région de Rennes, 5 mai 1945
et 27 juin 1945.
- Audition de Costes par le
Tribunal Militaire Permanent de la XIe Région de Rennes, 2 juillet
1945.
- Auditions de Ravaudet et Bobet,
26 mars 1945 ; Quéméner, 17 avril 1945 ; Portrait, 11 avril 1945 ;
Tacail, 3 juillet 1945 ; Boucard, 10 juillet 1945 ; Leborgne, 5
juillet 1945.
- Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine,
dossiers d'instruction Cour de Justice.
- Archives de Rennes, fichiers des partis collaborationnistes du CDL.
- Articles de L’Ouest-Journal.
- Témoignages de M. Maxime Le
Poulichet et M. Émile Jouet, anciens résistants FFI.
L'Ouest-Journal
Cette affaire de Monterfil a fait l'objet de très nombreux articles dans L'Ouest-Journal, et qu'il n'était pas possible de tous reproduire. J'en ai toutefois retrouvé trois qu'il m'a semblé intéressant d'ajouter à mon exposé. Le premier, en date du 2 avril 1950, met en évidence les contradictions des principaux protagonistes cinq ans après leurs premières dépositions. Dans le deuxième article, en date du 4 juin 1950, ce sont les deux fossoyeurs qui ne sont pas d'accord entre eux. Ils sont pourtant des témoins essentiels puisqu'ils ont assisté aux derniers moments de ces pendaisons. Même le gendarme Quéméner, qui jurait avoir simplement assisté aux interrogatoires de la prison de Montfort dans son audition de 1945, déclare le 13 novembre 1949 que c'est lui qui avait procédé à l'interrogatoire. Lorsqu'on lui fait remarquer que ces femmes auraient du rester en prison jusqu'à l'ouverture d'une instruction judiciaire et pourquoi a-t-il pris sur lui cette effroyable responsabilité, il répond que ces femmes étant en prison et non à la gendarmerie, il n'avait aucune responsabilité dans la livraison de femmes aux résistants.
Le dernier article sélectionné, en date du 24 décembre 1950, m'a semblé également intéressant après les recherches infructueuses des ossements de Suzanne Lesourd le mois dernier dans le "bois maudit". Il apparait clairement en effet que lors de l'exhumation réalisée au mois de décembre 1950, seuls les cadavres des femmes Guillard ont été retirés des fosses du bois Oberthur. Le journaliste qui a assisté à cette exhumation est formel : les deux corps ont été mis dans un cercueil pour être inhumés à Iffendic, où il devrait être possible de les retrouver. En aucun cas ces ossements n'ont été mélangés avec ceux de Suzanne Lesourd. Sa famille n'ayant officiellement pas fait de demande d'exhumation, on peut donc logiquement penser que les restes de Suzanne Lesourd sont toujours dans le bois.
L'Ouest-Journal
Cette affaire de Monterfil a fait l'objet de très nombreux articles dans L'Ouest-Journal, et qu'il n'était pas possible de tous reproduire. J'en ai toutefois retrouvé trois qu'il m'a semblé intéressant d'ajouter à mon exposé. Le premier, en date du 2 avril 1950, met en évidence les contradictions des principaux protagonistes cinq ans après leurs premières dépositions. Dans le deuxième article, en date du 4 juin 1950, ce sont les deux fossoyeurs qui ne sont pas d'accord entre eux. Ils sont pourtant des témoins essentiels puisqu'ils ont assisté aux derniers moments de ces pendaisons. Même le gendarme Quéméner, qui jurait avoir simplement assisté aux interrogatoires de la prison de Montfort dans son audition de 1945, déclare le 13 novembre 1949 que c'est lui qui avait procédé à l'interrogatoire. Lorsqu'on lui fait remarquer que ces femmes auraient du rester en prison jusqu'à l'ouverture d'une instruction judiciaire et pourquoi a-t-il pris sur lui cette effroyable responsabilité, il répond que ces femmes étant en prison et non à la gendarmerie, il n'avait aucune responsabilité dans la livraison de femmes aux résistants.
Le dernier article sélectionné, en date du 24 décembre 1950, m'a semblé également intéressant après les recherches infructueuses des ossements de Suzanne Lesourd le mois dernier dans le "bois maudit". Il apparait clairement en effet que lors de l'exhumation réalisée au mois de décembre 1950, seuls les cadavres des femmes Guillard ont été retirés des fosses du bois Oberthur. Le journaliste qui a assisté à cette exhumation est formel : les deux corps ont été mis dans un cercueil pour être inhumés à Iffendic, où il devrait être possible de les retrouver. En aucun cas ces ossements n'ont été mélangés avec ceux de Suzanne Lesourd. Sa famille n'ayant officiellement pas fait de demande d'exhumation, on peut donc logiquement penser que les restes de Suzanne Lesourd sont toujours dans le bois.