Le
dimanche 13 août 1944, Yvonne Jegaden, cultivatrice au Mesgouez en Plougasnou,
est informée par Jean Herry, secrétaire de mairie, que les cadavres d’Yves
Jegaden, de sa sœur Yvonne Jegaden, d’Isidore Masson et de Charles Bescond, ont
été découverts au lieu-dit Ruffélic, en Plougasnou « La fosse a été découverte sur les indications de Mme Choquer, à qui un
allemand avait remis un croquis indiquant l’endroit de la fosse. » Ce
que confirme Eugénie Choquer, hôtelière à Plougasnou : « Le soldat allemand Kurt Reitinger descendait
souvent dans mon établissement. Avant son départ de Plougasnou, il m’avait
donné un croquis indiquant l’endroit où avaient été enterrés le frère et la
sœur Jegaden, Isidore Masson et Charles Bescond. Après l’arrestation de tous
ces jeunes gens, j’avais demandé à Reitinger de leurs nouvelles. Il m’avait
répondu : « Les morts ne souffrent plus ». Quelques jours après,
le questionnant à nouveau, il m’a dit avoir été appelé par le lieutenant
Berressem à Ruffélic pour interroger les détenus et avoir vu Jegaden Yves déjà
mourant tellement il avait été martyrisé. »
Au centre, Hervé Botros |
Le samedi 19, une nouvelle
fosse est découverte au lieu-dit Pontplaincoat, toujours en Plougasnou « Après le départ des Allemands nous avons
organisé des fouilles à Ruffélic et à Pontplaincoat dans les anciens
cantonnements des Allemands. Le 19 août à Pontplaincoat nous avons découvert
mes deux fils ainsi que Claude Kerguiduff et Jean Scour dans la même fosse. Ces
deux jeunes gens avaient été arrêtés en même temps que mes fils. Depuis j’ai
appris qu’ils avaient été fusillés à Pontplaincoat et qu’ils avaient été
dénoncés par Botros, de Lanmeur, et Darsel, de Morlaix. C’est le lieutenant
Berressem, le sous-lieutenant Rauch et le caporal Willy Peutsch, qui
commandaient à Ruffélic et auraient ordonné l’exécution », témoigne Vincent
Moal, mécanicien à Saint-Jean-du-Doigt, père d’Alexis et Pierre. Un rapport de
police indique qu’avant l’arrestation des frères Moal, Darsel et Botros avaient
fait une visite à Jean Moal, à Lanmeur, et lui avaient posé des questions sur
ses frères. François Scour a également participé aux recherches : « Après le départ des Allemands, me doutant
que mon fils avait été martyrisé et enterré par eux, nous avons organisé des
fouilles dans les anciens cantonnements. Le 19 août, nous avons découvert une
fosse à Pontplaincoat. Le caporal Willy, qui était une vraie brute, en voulait
à mon fils, mais j’ai appris que c’était Botros qui avait dénoncé toute la
bande de patriotes. »
Les arrestations
Adolf Breuer du SD de Rennes et Marie-Thérèse Honorez |
Les interrogatoires
du 5 juillet
Comme
toujours dans ces affaires de crimes de guerre, les enquêteurs ont les plus
grandes difficultés à déterminer les responsabilités de chacun. Tout accable
Hervé Botros, originaire du bourg voisin de Lanmeur, où ses parents tiennent
une épicerie, délégué cantonal du PNB et tortionnaire au Kommando de Landerneau
avec son ami André Geffroy, de Locquirec (1). Pour avoir une idée du personnage,
voici ce qu’il déclara aux policiers lors de son interpellation : « Je n’ai jamais adhéré aucun parti politique non plus qu’à aucune
formation militaire ou paramilitaire. Je n’ai jamais non plus adhéré à une
organisation de résistance quelconque. » S’il reconnaît sa présence
lors des interrogatoires, c’est en simple spectateur : « Le lieutenant commandant le camp
d’internement de Plougasnou m’a demandé si je connaissais quelqu’un dans une
liste de personnes arrêtées la veille. Je connaissais Yvonne Jegaden et son
frère Yves qui étaient clients chez moi, mais je ne savais pas qu’ils étaient
dans la Résistance. Je n’ai donc pas pu les désigner comme ayant cette qualité.
J’ai simplement assisté à leur interrogatoire mais sans frapper moi-même. Ils
ont avoué au bout de quelques heures de tortures auxquelles j’ai assisté. Yves
Jegaden a été plus particulièrement frappé mais j’ignorais qu’il était mort à
la suite des coups. J’ai interrogé par la suite le lieutenant pour connaître le
sort qui avait été réservé aux personnes figurant sur la liste mais il a refusé
de satisfaire ma curiosité. » Autre inculpé, le professeur Joachim
Darsel, de Morlaix, adhérent de la première heure au PNB, qui peut
difficilement nier sa présence à Plougasnou, où il n’est pas inconnu. Ce 5
juillet, il se présente à la Feldgendarmerie de Morlaix pour obtenir un
laissez-passer afin de se rendre dans les Côtes-du-Nord. Il est reçu par le
lieutenant commandant la compagnie qui lui propose de déjeuner avec lui. Les
deux hommes se rendent alors à Lanmeur où ils mangent chez… Hervé Botros.
Coïncidence, le repas terminé, le Lt déclare à Darsel qu’il avait besoin de ses
services car deux groupes de prisonniers devaient être interrogés à Plougasnou,
ce qui ne semble poser aucun problème au professeur : « Tandis que l’interprète de la
Feldgendarmerie opérerait dans un endroit, je l’assisterais dans l’autre.
Arrivés au camp de Ruffélic, on apprend que tous les prisonniers sont à
Pontplaincoat. A ce moment, le lieutenant me fait savoir qu’il n’avait plus
besoin de mes services. » D’aucuns
en auraient profité pour s’éclipser afin d’échapper à ce sinistre
spectacle : « Je les ai
cependant accompagnés à Pontplaincoat où j’ai vu et assisté en partie à
l’interrogatoire de trois jeunes gens dont j’ignore les noms. L’un d’eux a été
frappé à l’aide d’une matraque en caoutchouc par un sous-officier allemand.
L’interrogatoire était mené par Botros, assisté par l’interprète Koenig qui
traduisait. A un moment donné j’ai vu Herry qui s’est dirigé vers moi et m’a
serré la main. » En fait, il apparaît que les membres d’un premier groupe :
Yves et Yvonne Jegaden, Isidore Masson et Charles Bescond, ont été torturés en
fin de matinée au Ruffélic, puis que ceux d’un second : Alexis et Pierre
Moal, Jean Scour et Claude Kerguiduff l’ont été ensuite à Pontplaincoat, en
présence de Darsel et Botros.
Sur
ce qui s’est passé au Ruffélic, le seul témoignage, indirect, est celui de Kurt
Reitinger, 23 ans, parlant parfaitement le français. C’est ce soldat d’un
régiment de la Luftwaffe, cantonné au Ruffélic, qui avait donné un croquis à
Mme Choquer. Ce jour-là, vers 16 h, Reitinger déclare avoir reçu un ordre
téléphonique du Lt Berressem qui le réclame au bureau de la Compagnie situé
près de l’entrée du camp de Ruffélic. C’est le Stabsfeldwebel (adjudant) Hans Wolf qui le reçoit : « Il m’a déclaré que je devais traduire les
dépositions des « terroristes » qui avaient déjà avoué lorsqu’ils
avaient été torturés. » On fait alors comparaître devant Reitinger le
jeune Isidore Masson qui portait une blessure à la joue : « J’ai traduit ses déclarations que Wolf a
enregistré sur un PV. Il a notamment dit qu’il avait été embrigadé dans la
Résistance par un ami de Morlaix, dont je ne me souviens plus du nom. Wolf a
ajouté que celui qui avait fait rentrer dans la Résistance Masson, avait déjà
été fusillé. C’est dommage que je ne me souvienne pas de son nom. Masson a
également déclaré qu’il était réfractaire, qu’il se cachait dans la ferme de sa
fiancée à Plougasnou et qu’il n’avait déployé aucune activité dans la
Résistance. » Comparaît ensuite Yvonne Jegaden, qui a déclaré ne pas
faire partie de la Résistance : « Elle
a ajouté que ses frères n’avaient, eux non plus, aucune activité dans ce
mouvement. Elle avait également été torturée, Wolf m’ayant dit que son
postérieur était bleu comme sa veste. » Vient le tour d’Yves
Jegaden : « Il ne pouvait plus
se tenir debout et a été traîné par des soldats dont j’ignore les noms. Ses
mains étaient liées derrière le dos et il se roulait par terre, agonisant. Il a
balbutié qu’il faisait partie de la Résistance mais il a été incapable de
signer sa déclaration. » Charles Bescond a comparu ensuite et a
déclaré qu’il commandait un groupe de 15 hommes « Qui sont d’ailleurs restés introuvables ». Le dernier à
comparaître est Émile Jegaden : « Il
a toujours nié avoir fait partie de la Résistance et c’est à ce moment que Wolf
l’a frappé en ma présence. C’est d’ailleurs le seul patriote qui ait été battu
devant moi. Émile Jegaden n’a pas été fusillé à Plougasnou, il a été déporté à
Brest sans autre précision. Lorsque ce dernier a été battu par Wolf, je suis
intervenu et je lui ai conseillé de demander à son frère Yves des explications
sur son activité. Yves qui était allongé sur une pelouse à côté de bureau a
prononcé, sur ma demande, des mots inintelligibles que j’ai traduits à Wolf en
lui déclarant que son frère était innocent. » Reitinger, qui n’était
pas présent aux interrogatoires du deuxième groupe de Pontplaincoat :
« Je n’ai pas traduit les
dépositions des autres patriotes fusillés et arrêtés et ne puis vous fournir
aucun renseignement à ce sujet. Je dois préciser cependant que les frères
Jegaden, leur sœur Yvonne, Masson et Bescond, ont tous été torturés avant mon
arrivée dans le bureau de Wolf. Ces patriotes, chacun à leur tour, mains et
pieds liés, ont été attachés à l’aide d’un manche de pioche placé à la fois
sous leurs genoux et sur les coudes dans la position accroupie. Ils ont été
préalablement à demi-dévêtus puis arrosés et enfin cravachés à l’aide d’un
tuyau en caoutchouc renfermant des fils de cuivre tressés. Je n’ai pas assisté
à ces scènes qui m’ont été rapportées par des militaires allemands qui étaient
au camp de Ruffélic. »
Les exécutions
L’interrogatoire
d’Émile Jegaden terminé, Reitinger déclare être allé manger dans sa chambre
vers 20 h : « Après m’être
restauré, je me suis rendu au pied de la petite colline dominant la mer, où une
dizaine de patriotes se trouvaient allongé ; notamment Émile et Yvonne
Jegaden, Masson et Bescond. Je ne connaissais pas les noms des autres. Ce que
je puis vous dire c’est qu’Yves Jegaden ne s’y trouvait pas. »
Reitinger ajoute que pendant qu’il dînait, il a entendu dire qu’un officier de
la Feldgendarmerie était venu au Ruffélic et qu’un tribunal provisoire avait
été constitué : « Cet officier,
Berressem, Rauch et un simple soldat dont j’ignore le nom en faisaient partie.
Ils ont condamné à mort : Yvonne Jegaden, Masson, Bescond. Yves Jegaden
était déjà mort sur la pelouse près du bureau de la compagnie des suites des
atroces tortures qu’il avait subies. » D’après Reitinger, pendant qu’il
se trouvait sur la colline de la pointe de Ruffélic : « Rauch est venu prendre possession des
patriotes qui s’y trouvaient à l’exception d’Yvonne Jegaden, Masson et Bescond.
Aussitôt le bruit a couru que ces trois patriotes allaient être fusillés et un
sapeur qui faisait office de cuisinier (J’ignore son nom) s’est présenté volontairement
pour fusiller les trois patriotes précités, qui, d’après les dires de mes
camarades, ont été abattus d’un coup de revolver dans la nuque. » A ce
moment donc, le deuxième groupe : les frères Moal, Scour et Kerguiduff,
sont emmenés à Pontplaincoat où ils seront exécutés le lendemain 6 juillet.
Les assassinats
Ayant
eu connaissance du « verdict » du « Tribunal militaire »,
Reitinger demande au sous-lieutenant Rauch, vers 22 h, s’il pouvait avertir les
patriotes : « Du sort qui les
attendait. Il m’a répondu par la négative. Les assassinats ont été commis vers
23 h 30. » C’est le lendemain, que Reitinger apprend par des camarades
qui ont assisté aux exécutions ce qui s’est passé : « Yvonne Jegaden a été fusillée la première ;
ensuite ça a été Masson, qui ont été tous les deux tués par le sapeur. Lorsque
ce dernier a voulu abattre Bescond, son revolver s’est enrayé et c’est l’autre
officier Ettlinger, qui lui a tiré une balle dans la nuque. Je dois également
préciser que le cadavre d’Yves Jegaden avait été placé dans la fosse avant l’assassinat
des trois autres patriotes et en leur présence. La fosse a été creusée
immédiatement après la sentence prise par le tribunal militaire par des soldats
allemands, sous le commandement du Sergent-major Franck. Le seul officier qui a
assisté à la fusillade est le Sous-lieutenant Rauch. J’ai oublié de vous dire
que le cadavre d’Yves Jegaden a été transporté en brouette dans la fosse par
des militaires allemands. C’est tout ce que je puis vous dire sur les crimes
commis au camp de Ruffélic. Le lendemain, le lieutenant Berressem, après avoir
rassemblé la compagnie, a déclaré à ses soldats que justice était faite. Il a expressément
défendu à ses subordonnés de parler aux civils de ces assassinats, ajoutant que
les soldats ne devaient pas, eux non plus, faire de commentaires au sujet de
cette affaire. » Reitinger ajoute : « Je vous répète que les bourreaux de ces quatre patriotes sont le
Lieutenant commandant la Feldgendarmerie de Morlaix, ses feldgendarmes,
notamment Hans Wolf (J’ignore le nom des autres), Franck, Berresem, Rauch,
Willy Peutsch et le Français Botros. Je sais cependant que c’est Botros qui a
dénoncé tous ces patriotes aux autorités allemandes. Avant mon départ de
Plougasnou, j’avais fait par des assassinats de Ruffélic à Mme Choquer, j’avais
même remis à son mari un plan que j’avais établi, indiquant l’emplacement du
charnier. Je ne peux vous fournir aucun renseignement sur les assassinats
commis à Pontplaincoat, c’est vous d’ailleurs qui m’apprenez qu’un charnier a
été découvert à cet endroit. »
Yves et Yvonne exécutés, Émile déporté en Allemagne, reste Tanguy Jegaden, qui témoigne : « Les huit patriotes torturés et assassinés à Ruffélic et à Pontplaincoat n'ont pas été trouvés porteurs d'armes. D'autre part, les perquisitions effectuées par les Allemands au domicile respectifs de ces malheureux, en vue de découvrir des armes, sont demeurées infructueuses. En conséquence, l'autorité allemande ne pouvait pas les considérer comme des francs-tireurs et dans ces conditions, j'estime que nos ennemis ont commis des assassinats purs et simples. D'autre part, ma sœur Yvonne était complètement innocente puisque étrangère à la Résistance. »
L'ordre de Hitler du 7 juillet 1944
Fin mai 1944, un ordre du Führer prescrivait la création de Cours spéciales auprès des Tribunaux militaires de Division. Ce tribunal devait, si cela était possible, comprendre parmi ses membres un juge de profession. En cas d'impossibilité, un officier pouvait être désigné comme juge. Un commandant de régiment, par exemple, avait la qualité de chef de justice. Si son régiment, ou même un bataillon, se trouvait dans une situation dangereuse, sans liaison immédiate avec ses supérieurs, il pouvait instituer une Cour spéciale, chargée de la répression contre les « terroristes ». Jusqu'alors, les femmes condamnées à mort par les Allemands n'étaient pas exécutées mais déportées en Allemagne, d'où très peu revenaient. A la fin du mois de juin, les Cours spéciales et les Cours martiales sont supprimées. Un ordre du Führer du 7 juillet ordonne de « Liquider » les « Terroristes ». Désormais, il n'y a plus de distinction de sexe. Fahrmbacher, Général en chef du 25e Corps d'Armée, basé à Pontivy, a été interrogé à ce sujet le 2 juillet 1947, au camp de la Marne de Rennes : « En ce qui me concerne, j'ai ordonné un sursis d'exécutions à toutes les peines prononcées par les différentes juridictions qui venaient d'être supprimées. A partir de ce moment, il n'y eu aucune exécution dans mon secteur. C'est alors que le 7 juillet 1944, l'ordre de Hitler est arrivé. Il m'est impossible de vous dire la contexture exacte de cet ordre qui m'a été transmis par télégramme. Le texte très court disait de « Liquider » tout terroriste convaincu ou suspect. Personnellement je n'ai pas transmis cet ordre à mes troupes. »
D'après le capitaine Schmuck, de la 265e Division d'Infanterie, basée à Quimperlé : « Un autre ordre devait suivre, c'est ce qui était mentionné à la fin du texte. Cet ordre annoncé n'est pas parvenu à la 265e Division. Je crois que c'est l'ordre du 7 juillet 1944. Il n'a pas passé le Corps d'Armée, c'est-à-dire l’État-major du Général Fahrmbacher, à Pontivy. Cependant, cet ordre a reçu d'autres diffusions, à savoir par le police, par la marine, par l'aviation, par les Feldkommandantur, par les Feldgendarmeries. »
(1) Le soldat Botros avait été fait prisonnier le 22 juin 1940 par les Allemands à Vannes. Il a été libéré d'un stalag le 21 juin 1941 comme étant l'aîné de 6 enfants (5soeurs) grâce à l'intervention de... Tanguy-Prigent. Il prendra la fuite à la Libération avec le groupe du Bezen Perrot. C'est lui qui conduisait l'autocar des fugitifs.
Yves et Yvonne exécutés, Émile déporté en Allemagne, reste Tanguy Jegaden, qui témoigne : « Les huit patriotes torturés et assassinés à Ruffélic et à Pontplaincoat n'ont pas été trouvés porteurs d'armes. D'autre part, les perquisitions effectuées par les Allemands au domicile respectifs de ces malheureux, en vue de découvrir des armes, sont demeurées infructueuses. En conséquence, l'autorité allemande ne pouvait pas les considérer comme des francs-tireurs et dans ces conditions, j'estime que nos ennemis ont commis des assassinats purs et simples. D'autre part, ma sœur Yvonne était complètement innocente puisque étrangère à la Résistance. »
L'ordre de Hitler du 7 juillet 1944
Fin mai 1944, un ordre du Führer prescrivait la création de Cours spéciales auprès des Tribunaux militaires de Division. Ce tribunal devait, si cela était possible, comprendre parmi ses membres un juge de profession. En cas d'impossibilité, un officier pouvait être désigné comme juge. Un commandant de régiment, par exemple, avait la qualité de chef de justice. Si son régiment, ou même un bataillon, se trouvait dans une situation dangereuse, sans liaison immédiate avec ses supérieurs, il pouvait instituer une Cour spéciale, chargée de la répression contre les « terroristes ». Jusqu'alors, les femmes condamnées à mort par les Allemands n'étaient pas exécutées mais déportées en Allemagne, d'où très peu revenaient. A la fin du mois de juin, les Cours spéciales et les Cours martiales sont supprimées. Un ordre du Führer du 7 juillet ordonne de « Liquider » les « Terroristes ». Désormais, il n'y a plus de distinction de sexe. Fahrmbacher, Général en chef du 25e Corps d'Armée, basé à Pontivy, a été interrogé à ce sujet le 2 juillet 1947, au camp de la Marne de Rennes : « En ce qui me concerne, j'ai ordonné un sursis d'exécutions à toutes les peines prononcées par les différentes juridictions qui venaient d'être supprimées. A partir de ce moment, il n'y eu aucune exécution dans mon secteur. C'est alors que le 7 juillet 1944, l'ordre de Hitler est arrivé. Il m'est impossible de vous dire la contexture exacte de cet ordre qui m'a été transmis par télégramme. Le texte très court disait de « Liquider » tout terroriste convaincu ou suspect. Personnellement je n'ai pas transmis cet ordre à mes troupes. »
D'après le capitaine Schmuck, de la 265e Division d'Infanterie, basée à Quimperlé : « Un autre ordre devait suivre, c'est ce qui était mentionné à la fin du texte. Cet ordre annoncé n'est pas parvenu à la 265e Division. Je crois que c'est l'ordre du 7 juillet 1944. Il n'a pas passé le Corps d'Armée, c'est-à-dire l’État-major du Général Fahrmbacher, à Pontivy. Cependant, cet ordre a reçu d'autres diffusions, à savoir par le police, par la marine, par l'aviation, par les Feldkommandantur, par les Feldgendarmeries. »
(1) Le soldat Botros avait été fait prisonnier le 22 juin 1940 par les Allemands à Vannes. Il a été libéré d'un stalag le 21 juin 1941 comme étant l'aîné de 6 enfants (5soeurs) grâce à l'intervention de... Tanguy-Prigent. Il prendra la fuite à la Libération avec le groupe du Bezen Perrot. C'est lui qui conduisait l'autocar des fugitifs.
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