La
collaboration politique
Quatre jours après l’arrivée
des Allemands, un Rennais fait une discrète entrée en ville et prend possession
d’une villa réquisitionnée au 20, rue Waldeck-Rousseau, où il installe sa garde
rapprochée. Il s’agit de Fransez Debauvais, le chef du Parti National Breton
(PNB), réfugié en Allemagne après la dissolution du parti par Daladier en 1939.
Situation inédite, dans une ville occupée, d’un nationaliste condamné à mort
pour trahison, ramenant dans les fourgons nazis une centaine de prisonniers
bretons libérés des stalags par les Allemands. Pour l’heure, Debauvais ne doute
pas un seul instant que le Reich victorieux va accorder son indépendance à la
Bretagne. On sait ce qu’il en adviendra après l’entrevue de Montoire du 24
octobre 1940. Pétain entrant « dans la
voie de la collaboration », Hitler n’avait plus aucun intérêt à
remettre en cause l’unité territoriale française.
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Archives de Rennes |
Sur le spectre des partis
collaborationnistes, le Parti National Breton occupe assurément une place à
part. Convaincu que la Bretagne finira bien par trouver sa place dans
« L’Europe nouvelle », les nationalistes bretons vont développer leur
propagande anti-vichyste sous la bienveillante protection des autorités d’occupation.
C’est le premier parti autorisé par les Allemands à Rennes. Dès juillet 1940,
son journal L’Heure Bretonne s’affiche
au premier étage de l’immeuble situé à l’angle de la rue d’Estrées et de la
place de la Mairie, qui deviendra place du Maréchal Pétain le 22 janvier 1941.
Le siège régional occupe de vastes bureaux quai Lamartine, alors que la permanence
départementale est située au 4, rue de Toulouse. D’après les fiches de police,
le PNB compte 206 adhérents en Ille-et-Vilaine, sans compter les sympathisants.
Nous disposons d'un fichier très précis de 3 000 abonnés à L'Heure Bretonne. Le parti dispose
également d’un mouvement de jeunesse d’une centaine de membres : les
« Bagadoù Stourm », reconnaissables à leurs uniformes noirs et
cravates blanches.
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Bagadoù Stourm, 11 décembre 1941, Kerfeuteun |
Autre spécificité rennaise,
la forte présence du groupe Collaboration, dont L’Ouest-Éclair du 15 novembre 1941 annonce l’ouverture d’une permanence
au 4, rue Du Guesclin, suivie d’une conférence donnée par Alphonse de
Châteaubriant au Théâtre municipal : « Devant une salle comble, l’orateur souligne les nécessités du
rapprochement franco-allemand. Dans la salle, on remarque le préfet et
Bahon-Rault, conseiller national, président de la Chambre de commerce ».
Il ne s’agit pas d’un parti politique à proprement parlé et la double
appartenance est fréquente. Le recrutement du groupe est nettement
élitiste : Pierre Sordet, directeur de « L’Économique » ;
René Guillemot, des « Nouvelles Galeries » ; Pierre Arthur, de L’Ouest-Éclair ; le peintre Louis
Garin, etc. La section économique de Collaboration permet en effet de très
juteux contacts commerciaux avec les Allemands. Parmi les 304 adhérents, on
trouve également de nombreux commerçants, souvent en situation de dépendance à
l’égard de l’occupant.
Le groupe dispose de sa section de jeunesse d’une cinquantaine de membres : « Les Jeunes de l’Europe Nouvelle », parmi lesquels on remarque le jeune lycéen Christian J. Guyonvarc’h, qui rejoindra la Bezen Perrot, et sa future épouse Françoise Leroux.
Le groupe dispose de sa section de jeunesse d’une cinquantaine de membres : « Les Jeunes de l’Europe Nouvelle », parmi lesquels on remarque le jeune lycéen Christian J. Guyonvarc’h, qui rejoindra la Bezen Perrot, et sa future épouse Françoise Leroux.
L’époque est aux
« Partis uniques et chefs suprêmes ». Ceux-ci ont tous pignon sur rue, le
plus souvent dans un local « aryanisé ». Le Rassemblement National
Populaire, dont les bureaux sont situés au 1, quai Lamennais, est bien implanté en
ville avec 143 adhérents d’après les fiches de police. Un autre fichier,
retrouvé au siège du parti à la Libération indiquera 335 membres pour
l’Ille-et-Vilaine. À l’image de son chef Marcel Déat – un normalien, ancien
député de la SFIO issu de la petite bourgeoisie républicaine – le RNP recrute
surtout parmi les fonctionnaires, employés ou enseignants.
Le parti dispose
également d’une section d’environ 70 jeunes : « Les Jeunesses Nationales
Populaires ».
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Camp des JNP |
Moins implanté à Rennes, le
Parti Populaire Français (PPF) de Jacques Doriot, tient permanence au 6, rue Du
Guesclin. La police a établi 114 fiches, dont une bonne partie sur Saint-Malo.
Cultivant le culte du chef d’un « pays totalitaire », plus actif que
le RNP, le PPF séduit les jeunes, mais aussi les classes moyennes avec aussi
bien d’anciens militants du PCF que de l’Action Française. Passant ses vacances
au Val-André, le « Grand Jacques » a la sympathie des autonomistes,
auxquels il assure que la Bretagne aura sa place « Dans un France fédéraliste au sein d’une Europe fédérale ».
On retrouve pratiquement le
même effectif, avec 111 fiches de police, pour Le Francisme, dont le chef
Marcel Bucard vient en personne inaugurer la « Maison bleue », située
au 13, rue du Chapitre. Sorte d’avatar d’un fascisme mussolinien, le Francisme
va progressivement recruter parmi les milieux marginaux pour constituer son
groupe la « Main bleue », réputé pour sa violence. Son chef local,
Paul Gallas, sera finalement abattu par la Résistance. Le Francisme dispose
également de deux sections de jeunesse d’une centaine d’éléments : « Les
Chemises bleues ».
Peu implanté, avec 52 adhérents fichés, dont une moitié
sur Dinard, ville d’origine de Raymond du Perron de Maurin, chef départemental
et délégué aux affaires juives, le Mouvement Social Révolutionnaire (MSR)
trouve quand même les moyens de disposer d’un bureau au 8, quai Émile Zola.
En l’absence de toute
perspective électorale, l’activité de ces partis est assez restreinte. Les
manifestations sur la voie publique sont interdites et les réunions, soumises à
l’autorisation des autorités d’occupation, doivent se tenir dans des locaux
privés. Hors de question d’y entonner La Marseillaise ou de brandir le drapeau
national. Reste les conférences. Elles n’ont jamais été aussi nombreuses. Celle
donnée le 19 avril 1942 par Doriot de retour du front russe, rassemble plus de
mille personnes au Théâtre municipal. On organise également des concerts et
autres galas de bienfaisance en faveur des prisonniers. Les bombardements de
l’aviation anglaise sont également l’occasion d’une intense propagande anglophobe,
complaisamment relayée par L’Ouest-Éclair.
De la collaboration à la délation, le pas est vite franchi. Ainsi ce groupe
« La Rose des Vents », dont la police a fiché une trentaine de membres
sur Rennes. Cette appellation fait référence à l’émission éponyme, diffusée
chaque jour sur le poste Radio-Paris. Les lettres de dénonciation envoyées par
les auditeurs sont lues à l’antenne par l’animateur Robert Peyronnet, qui les
transmet ensuite à la Gestapo, au Commissariat aux questions juives ou à la
Milice.
Ainsi donc, si l’on fait le
décompte de ces fiches, ce sont environ 1 200 personnes qui ont fait le
choix d’adhérer à un parti collaborationniste en Ille-et-Vilaine. Ces chiffres
ne tiennent évidemment pas compte de tous les anonymes se contentant de
soutenir discrètement ces mouvements en contrepartie d’une faveur ou d’une intervention
auprès de l’occupant. Maréchalistes en 1941, ils seront attentistes l’année
suivante…
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Carte réalisée par Nicolas Fleurance, Archives de Rennes. |
La
collaboration armée
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Meeting de la LVF, salle Wagram, 25 juin 1943. |
Les plus téméraires, tentés
par l’uniforme allemand, peuvent s’engager dans la Waffen-SS, qui ouvre un
bureau de recrutement au 27, boulevard de la Liberté. Ceux que la discipline militaire
rebute peuvent combattre localement « le
communisme, le gaullo-swing et la juiverie maçonnique », en
s’adressant au Comité d’action antibolchevique, dont L’Ouest-Éclair précise qu’il n’est pas un parti politique mais un
« Groupe d’action », situé au 24, rue de la Chalotais.
Ces permanences avec vitrines sur rue sont particulièrement visées par la Résistance. Le 28 septembre 1941, un attentat détruit le premier local du Francisme au 55, boulevard de la Tour-d’Auvergne. Lors de sa conférence au Théâtre, une grenade lancée contre Doriot explose sans l’atteindre. Le 3 juin 1942, un autre attentat à l’explosif provoque de gros dégâts à la LVF. Puis c’est au tour du bureau de la Waffen-SS, boulevard de la Liberté. Le 19 mars 1944 une bombe est déposée dans les locaux du Francisme, rue du Chapitre. Le 31 mars 1944, c’est le RNP qui est visé, puis à nouveau la LVF, rue Nationale, le 28 avril 1944.
Le tournant décisif se
produit le 8 novembre 1942, avec le débarquement des Alliés en Afrique du Nord,
suivi de l’occupation de la zone sud par les Allemands. Mieux organisée, la
Résistance monte en puissance. Jusqu’à présent, la lutte contre les
« terroristes » était du ressort de la « Geheime
Feldpolizei »(GFP), police de sûreté de la Wehrmacht, installée rue de Robien.
Au mois d’avril 1942, celle-ci se voit retirer ses pouvoirs de police au profit
de Karl Oberg, chef des SS en France.
Le « Sicherheitspolizei »
(SD) « Service de la sécurité » de la SS, qui disposait d'un poste au 92, rue de Fougères depuis 1941, s’installe désormais à la Maison des
étudiantes, rue Jules Ferry. Souvent confondu avec la Gestapo, dont il n’a
rien à envier question « méthodes de travail », le SIPO-SD est d’une
redoutable efficacité (J'ai identifié 128 policiers allemands et 16 femmes interprètes pour la Bretagne, dont 64 hommes et 12 femmes à Rennes) et dispose d’un vaste réseau d’indicateurs et d’agents
chargés d’infiltrer les mouvements de résistance. On estime à 2 000, le
nombre de résistants arrêtés ou déportés par le SD en Bretagne (1).
Ajouté le 13 novembre 2017 :
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SD de Rennes. Cité des étudiantes rue Jules Ferry. de gauche à droite : Anton, Schmerling, Breuer, Klein, Schreier. |
Ajouté le 13 novembre 2017 :
Bruxelles,
16 novembre 1945. Interrogatoire de Marie-Thérèse Honorez, 24 ans, née à
Koekelberg (Belgique). Réfugiée à Rennes lors de l'exode, Honorez s'adresse à la Kommandantur en 1940 pour se faire rapatrier. Comme elle parlait parfaitement l'allemand, elle a été embauchée comme interprète. Elle intègre ensuite le SD de Rennes et devient le maîtresse d’Adolf Breuer, 31 ans, originaire
de Cologne, adjudant du SD de Rennes (section IV), parlant couramment le
français et même l’argot, considéré comme un des meilleurs policiers du SD. C'est lui qui enquêta sur l'affaire Hervé en 1942 qui avait permis de découvrir tous les auteurs des attentats et sabotages de Rennes, fusillés à la Maltière le 30 décembre 1942. Le
couple a pris la fuite et a été arrêté à Bruxelles. Sachant qu’il allait être
extradé pour crimes de guerre, Breuer va se suicider dans sa cellule.
Q -
Que signifie l’indicatif S.R. suivi d’un
nombre ?
R -
Les lettres S.R. signifient
Sicherheistpolizei de Rennes et le nombre forme le numéro de l’agent. Pour
Rennes tous les nombres commencent par le chiffre 1, pour Saint-Brieuc 2, pour
Brest 3, pour Quimper 4, pour Vannes 5, et pour Pontivy 6.
Q –
Que savez-vous d’Hémon Ropartz bien Ropartz,
titulaire de l’indicatif S.R. 780 ?
R –
Ropartz Hémon travaillait pour la Gestapo
depuis 1940 avec Grimm et Gross, il a été introduit par Yves Delaporte. Je crois
qu’il faisait partie du conseil breton dénommé « Conseil des Sept ». (Honorez semble confondre les Seiz Breur et le Kuzul Meur)
Marie-Thérèse Honorez se trompe dans sa numérotation, puisque d’après Breuer : « Les numéros commençant par la centaine 7
étaient destinés aux agents de Rennes ». Breuer ajoute : « Je dois préciser cependant qu’il peut
arriver qu’un N° S.R. ait été attribué à un homme qui n’a pas travaillé pour
nos services comme indicateur. Ainsi, pour pouvoir rencontrer nos fournisseurs
habituels, au marché noir, nous renseignions à nos chefs sous un N° S.R. bien
qu’ils ne fussent pas agents indicateurs. Les ordres de Himmler interdisaient
formellement aux agents du service de familiariser avec des Français. Pour
pouvoir recevoir et nous rendre auprès de certains français qui nous
fournissaient du beurre, du lard ou autre chose, ainsi que pour pouvoir
rencontrer une maîtresse française, nous leur donnions un indicatif. Pour nos
chefs, ces gens passaient pour des indicateurs, alors qu’ils ne l’étaient pas. » Il convient donc d'être très prudent dans l'exploitation de la liste des agents du SD retrouvée rue Jules Ferry. A propos de Yann Fouéré, SR 715 par exemple, Marie-Thérèse Honorez déclare : « Fouéré Yann, journaliste, n'a pas fourni de renseignements à la police mais bien à la censure allemande du quai Lammenais.»
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1945, membres de la Bezen Perrot à Tubingen en Allemagne |
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Kristian Hamon collection privée |
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La Croix-Rouge |
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Archives de Rennes |
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Archives de Rennes Fonds Charles Foulon |
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Émile Schwaller |
château d'Apigné et surtout l'asile Saint-Méen, l'actuel
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Jeune milicien rennais |
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La Selbstschutzpolizei de Rennes. |
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Laissez passer délivré par le SD au Groupe d'Action |
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Chenillette de l'US Army à Maison-Blanche |
L'épuration
Commence alors la délicate période de l’épuration. Lors de sa première séance, le 10 août 1944, le Comité Départemental de la Libération (CDL) reçoit deux commissaires de police et les informe du scandale que constitue la libération prématurée de certains « collabos ». Les commissaires répondent que la maison du Cercle Paul Bert, où se faisait le tri des « collabos » a été débordée pendant trois jours. Le secrétaire du CDL, Charles Foulon, fait alors observer que : « Les circonstances sont exceptionnelles et que les arrestations doivent être maintenues lorsqu’elles ont été faites par les CLL ou des groupes de patriotes connus. Les miliciens seront écroués à Jacques Cartier plutôt qu’au quartier Margueritte d’où il est facile de s’évader. » Á propos du camp Margueritte justement, M. Becdelièvre, représentant du mouvement « Jeune République » informe la CDL que le scandale continue « Les nègres font un véritable service de correspondance. Le lieutenant Bietry ou le capitaine Mercier ferment les yeux sur ce manège. » M. Heurtier (Libé-Nord) se plaint qu’il y a autour du CDL de nombreuses fuites « Des agents auraient prévenu certaines personnes de leur arrestation imminente. »
Les affaires traitées par le CDL ne concernent
pas seulement les crimes et délits perpétrés sous l’Occupation, mais aussi
celles, parfois insolites, commises après la Libération. Ainsi le 11 août, on signale
un café de Maurepas qui vend 30 francs le verre de vin aux soldats américains
alors que les consommateurs rennais le payent 10 francs « Le CDL demande que le commerçant soit
incarcéré et poursuivi ». Le CDL trouve également scandaleux que
« Les paysans fassent des échanges
directs de cognac et de denrées contre de l’essence fournie par les Américains »
Plus étonnant, cette dame Richelot, domiciliée au 6, rue Martenot, qui a en sa
possession un porc gras, des bicyclettes et un frigidaire que lui ont laissé
les Allemands à leur départ « Le CDL
considère que cette prise de guerre ne revient pas à Mme Richelot ». Le
23 août, c’est un « figaro » rennais, le lieutenant FFI Aubry, qui
est vu en train de tondre un jeune homme, qu’il appelait un
« zazou », sur la place de la Mairie « L’incident, qui causait du scandale et était interprété diversement,
parait à la fois une brimade et une mascarade, surtout qu’un deuxième
« zazou » était en même temps mis en demeure de s’engager sous la
menace de la tondeuse. » Le général Allard s’adresse alors au CDL « Le public se plaint des FFI vrais ou faux
dont l’indiscipline et les mœurs déplaisent. »
C’est sur la question de l’épuration industrielle
que le CDL semble le plus impuissant, la plupart des requêtes adressées au préfet
restant lettre morte. Le 28 août, le CDL demande l’épuration des chambres de
commerce lorsque leurs membres ne sont pas restés patriotes « Bessec de Saint-Malo, Bahon-Rault de Rennes,
pétainistes convaincus ».
Entre les industriels et négociants qui sont accusés d'avoir travaillé pour l'occupant et les commerçants qui, sans être des « pétainistes convaincus » ou partisans de la collaboration avec l'Allemagne, ont néanmoins réalisé de bonnes affaires sous l'Occupation, la tâche du CDL n'est pas simple. En cette période de restrictions de toutes sortes, être nommé répartiteur par Vichy suscite forcément des jalousies et des suspicions qui entraineront des enquêtes à la Libération. C'est le cas d'un William Bessec, Président du Syndicat de la chaussure au détail, nommé répartiteur en 1941. Chargé de la répartition des « Chaussures Nationales » le 15 juillet 1941, la vitrine de son magasin situé à l'angle des
rues de Rohan et Ferdinand Buisson est brisée le lendemain. La police constatera que rien n'a été volé. La vitrine du magasin de Saint-Malo va subir le même sort. Théodore Clanchin (que l'historien Reynald Secher essaie de nous faire passer pour un résistant) qui possède une belle affaire de collecte de beurre et d'œufs à Marcillé-Raoult, abonné à L'Heure Bretonne à la suite de sa libération d'un stalag grâce au PNB, est également nommé répartiteur départemental des œufs, puis responsable régional.
Le docteur Tannou, résistant rennais, adresse une note au CDL « M. Bonenfant, directeur d’entreprise n’a travaillé que pour les Allemands. Spécialiste des prisons, il s’est aussi révélé spécialiste du cinéma. C’est lui qui a construit le pont de Laillé, destiné à représenter la prise de Moscou. Il a gagné au moins 2 millions dans cette affaire ». Deux marchands de meubles « Ayant travaillé avec et pour les
Allemands : Rual et Poirier », font l’objet d’une
enquête. Une plainte est également déposée contre la carrosserie Pelpel et la
confiturerie Lorain&Letort à Messac, dont les biens sont mis sous séquestre
et les dirigeants en fuite. Même cas de figure pour l’entreprise Tomine, avenue
Chardonnet à Rennes, qui travaillait avec zèle pour l'occupant. Tomine prendra la fuite à la Libération avec femme et enfants dans sa traction Citroën avant de réapparaitre une fois que les choses se seront calmées. Citons également la papeterie Bonnet-Dubost, qui écopera de la plus forte amende, de même que les établissements
Mayol-Arbona, négociants en fruits et légumes.
Entre les industriels et négociants qui sont accusés d'avoir travaillé pour l'occupant et les commerçants qui, sans être des « pétainistes convaincus » ou partisans de la collaboration avec l'Allemagne, ont néanmoins réalisé de bonnes affaires sous l'Occupation, la tâche du CDL n'est pas simple. En cette période de restrictions de toutes sortes, être nommé répartiteur par Vichy suscite forcément des jalousies et des suspicions qui entraineront des enquêtes à la Libération. C'est le cas d'un William Bessec, Président du Syndicat de la chaussure au détail, nommé répartiteur en 1941. Chargé de la répartition des « Chaussures Nationales » le 15 juillet 1941, la vitrine de son magasin situé à l'angle des

Le docteur Tannou, résistant rennais, adresse une note au CDL « M. Bonenfant, directeur d’entreprise n’a travaillé que pour les Allemands. Spécialiste des prisons, il s’est aussi révélé spécialiste du cinéma. C’est lui qui a construit le pont de Laillé, destiné à représenter la prise de Moscou. Il a gagné au moins 2 millions dans cette affaire ». Deux marchands de meubles « Ayant travaillé avec et pour les
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Archives de Rennes CDL 35 |
De son côté, Eugène Quessot, de la SFIO, « Pense que le clergé doit être épuré au même
titre que les autres parties de la population. Le préfet pense qu’il faut
songer aux conséquences ». Inutile de dire qu’il n’y aura aucune suite… M.
Level, instituteur résistant, déclare que le CDL est attaqué de partout, accusé
de tous les retards apportés à l’épuration, de toutes les libérations
inopportunes ordonnées par les autorités judiciaires ou administratives, et
qu’il conviendrait de réagir au plus tôt par la voie de la presse « Les gens ne savent pas comment nous faire
parvenir des plaintes. Il est inadmissible que les collaborateurs puissent
continuer encore longtemps à se promener impunis, autrement les gens finiraient
par se faire justice. »
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Exécution d'un traitre dans l'Enfer du Thabor |
Pourquoi cet écart ? La
réponse est probablement dans cette note, rédigée par le préfet le 16 avril
1945 : « L’Ille-et-Vilaine
ayant été le moins résistant des quatre départements bretons, devait être le
plus inféodé au pétainisme et à la collaboration et par conséquent le plus
susceptible d’épuration ».
(1) On peut s'étonner qu'aucune plaque rappelant ce qui s'est passé dans ce bâtiment ne soit apposée sur la façade.
(2) J'en ai précisément identifié 73. Certains sont cependant passés à travers les mailles du filet.
(3) Mise à jour du 20 novembre 2017. En fait j'ai mis la main sur une liste précise de trente noms.
(2) J'en ai précisément identifié 73. Certains sont cependant passés à travers les mailles du filet.
(3) Mise à jour du 20 novembre 2017. En fait j'ai mis la main sur une liste précise de trente noms.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe réalise un mémoire en histoire contemporaine. Je souheterais avoir des informations sur l'entreprise Tomine dont vous parlez dans votre article sur la collaboration à Rennes.
Bien à vous