mercredi 25 avril 2018

La police nazie en Bretagne occupée


Depuis sa création, en 1925, au sein de chaque unité de la Schutzstaffel (SS), quelques hommes étaient chargés de la « sécurité », autrement dit du renseignement. En 1931, Himmler détache ces agents de renseignement de la troupe SS et constitue un service de sécurité totalement étanche qu’il dénomme le Sicherheistdienst (SD), que l'on peut traduire en français par « service de sécurité » de la SS en général. Il en confie la responsabilité au Standartenführer Heydrich, également chef de la Gestapo, dont les fonctionnaires sont désormais soumis au contrôle politique du SD. Service de sécurité interne de la SS, le SD devient l’unique service de renseignement du parti nazi par un décret du 9 juin 1934. Il n’est cependant pas organisme d’État et, par conséquence, n’a de compétence qu’à l’intérieur du parti. A ce moment, le SD dispose d’environ 3 000 agents. Le recrutement est plutôt élitiste, avec toute une génération de jeunes intellectuels nationaux-socialistes et foncièrement antisémites. S’il a le monopole du renseignement politique, le SD n’a aucun pouvoir exécutif, qui est détenu par la Gestapo, qui procède aux arrestations, interrogatoires et internements dans les camps. Progressivement, le SD va devenir le service de renseignement le plus efficace du Reich, avec un système de fiches individuelles qui va atteindre la perfection. Le 17 juin 1936, un décret nomme Himmler chef suprême de toutes les polices allemandes, en civil comme en uniforme. Celui-ci divise alors ses services en deux branches : l’ORPO (Ordnungspolizei), police d’ordre, et la SIPO (Sicherheistpolizei), police de sûreté. Heydrich conserve toujours la direction du SD, qui reste un service du parti, indépendant des organismes étatiques. En 1938, un décret fait du SD le Service de renseignement pour le parti et l’État, devant assister la SIPO. Le 27 septembre 1939, Himmler décide de regrouper tous les organismes (SD, SIPO, ORPO, Gestapo) en un Reichssicherheitshauptamt (Office central de la sécurité du Reich), abrégé en RSHA, dirigé par Heydrich et sous contrôle SS, afin de lutter plus efficacement contre les ennemis du Reich. Particularité du SD : seuls les policiers de carrière qui appartenaient avant la guerre à la Gestapo peuvent devenir officiers. Les autres viennent pour la plupart de la GFP et restent sous-officiers, bien que souvent ils ont une grande influence et de grandes responsabilités. C’est le cas, par exemple, de l’adjudant Grimm, chef de la section VI du SD de Rennes, qui contrôle l’activité des autonomistes bretons, et qui était professeur dans le civil. Quant au médecin du poste, il n’est que sergent-chef.
Lors de l’entrée des troupes allemandes en Pologne, l’attitude des Einsatzkommandos, composés d’éléments de la Gestapo et du SD, à l’égard de la population et des juifs avait choqué certains généraux de la Wehrmacht. En conséquence, aucune unité de police ou du SD n’est autorisée à accompagner la Wehrmacht lors de son avance en France. Les pouvoirs de police sont alors classiquement confiés à la Geheime Feldpolizei(GFP), police secrète de sûreté, et à la Feldgendarmerie. Cependant, Heydrich va discrètement installer plusieurs petits groupes de Sonderkommando sur tout le territoire. Jusqu’en 1942, ces hommes se contentent de la recherche de renseignements, en concurrence avec l’Abwehr. Progressivement,devant l’incapacité de la GFP de contenir la montée en puissance de la Résistance, Gestapo et SD vont se voir confier la sécurité des arrières de l’armée. En avril 1942, l’État-major de la Wehrmacht se voit retirer les pouvoirs de police en France, au profit de Karl Oberg « Chef suprême des SS et de la police ». Dès lors, 23 groupes de la GFP sur 25 sont dissous et le personnel versé à la SIPO-SD. L’administration militaire garde toutefois la surveillance des prisons et des camps. Comme en Allemagne, Oberg va diviser les services de police en deux groupes : l’ORPO, et le SIPO-SD. De la direction centrale parisienne, avenue Foch et rue des Saussaies, dépendent 17 services régionaux, qui contrôlent eux-mêmes 45 sections extérieures. Le Kommando SIPO-SD d’Angers a la direction de l’ensemble du Sud-ouest de la France (Circonscription B). La collaboration entre le SD et le SRA (Abwehr) devient de plus en plus étroite. Le Kapitän zur See Bracht, qui fait la liaison entre l’Abwehrstelle (AST) d’Angers et celle de Rennes, dispose d’un bureau à la Maison des étudiantes.
Le SD s’installe à Rennes
Adjudant-chef Max Jacob
Le Kommando SIPO-SD de Rennes étend ses griffes sur les quatre départements bretons. Rennes ne communique avec Paris qu’après en avoir référé, ne serait-ce que téléphoniquement, à Angers. Les antennes du SIPO-SD de Rennes : Aussendienstselle ou Aussenkommando, sont dirigées par un officier ayant le titre de Dienststellenleiter. Le terme d’Einsatzkommando est réservé aux équipes toujours prêtes à intervenir en cas de besoin. En 1944, les « terroristes » multipliant les coups de main contre l’armée d’occupation, il est créé un Rollkommando, dont le chef est Adolf Breuer, de la section IV. Ce Rollkommando, toujours en état d’alerte, doit prêter main forte aux Aussenkommando qui demandent de l’aide. Pour ses opérations contre la Résistance, le SIPO-SD de Rennes peut également compter sur deux groupes de supplétifs qui lui sont directement rattachés. Le plus important est le Bezen Perrot, créé au mois de décembre 1943, avec un effectif de 75 à 80 jeunes Bretons. Le Bezen « Einheit Perrot », n’est pas une milice mais une unité du SIPO-SD, auquel les membres ont signé un engagement. Ils sont casernés au 19, rue Lesage, ancien hôtel particulier du doyen Charles Bodin, et au 19, boulevard de Sévigné, l'actuel consulat du Maroc. Le second groupe est celui de
Selbstschutzpolizei Rennes
la Selbstschutzpolizei (SSP) « Police
SSP Boulevard de la Duchesse Anne
d’autoprotection », dont trois Kommandos furent créés à Dijon, Toulouse et Rennes au mois de mai 1944. Celui de Rennes comprend 12 jeunes Français, commandés par l’adjudant-chef du SD Max Jacob. Installé dans une villa du boulevard de la Duchesse Anne, ces hommes endossent des anciens uniformes bleu marine de chasseurs alpins avec un brassard jaune SSP sur la manche gauche. Le tableau serait incomplet sans y ajouter les membres du Groupe d’action du PPF, véritables bandits de la pire espèce plutôt que soldats ou miliciens. Chargés de faire la chasse aux réfractaires du STO, ils vont rapidement faire le coup de feu contre les maquisards.
La présence du SIPO-SD à Rennes est attestée dès 1941, avec un poste de quelques agents au 92, rue de Fougères, sous le commandement du lieutenant SS Hollert. Les relations avec la GFP, rue de Robien, sont alors étroites et cordiales. Lors de l’absorption de la GFP en avril 1942, la plupart du personnel rejoindra le SD. Il n’en va pas de même avec la Wehrmacht. En effet, compte tenu du cloisonnement existant au point de vue commandement, les relations entre le SIPO-SD et la Feldkommandantur 748 sont uniquement de service et assez tendues. Rappelons que le feldkommandant, le lieutenant-colonel Freiherr von Gebsattel, était le cousin du colonel von Stauffenberg, qui exécuta l’attentat contre Hitler et désapprouvait souvent les actes du SD. Von Gebsattel soutenait le capitaine Kreutzberg, chef de la section I.c., qui lui aussi désapprouvait le SD. Les relations avec le tribunal militaire de la FK 748 restent des relations de service, sans réelle collaboration étroite, étant donné que les affaires d’armes ou de délits politiques sont presque toujours traitées par Paris.
La répression
1 - Affaires réglées par le SD lui-même
En règle générale le SD décide lui-même à Rennes de déporter les prévenus. Le transfert vers l’Allemagne se fait par voie ferrée à partir de la prison Jacques Cartier ou du camp Margueritte. Il est organisé par le sergent-chef Walter Teike et le sergent Paul Hinz. Tous les prisonniers transitent par Compiègne, d’où ils sont ensuite répartis dans les camps en Allemagne. Cette répartition se fait en cinq catégories ou Stufen (étapes, niveaux), suivant la gravité des actes reprochés :
- Stufe I. Concerne les personnes qui ont essayé de recueillir des renseignements sur l’armée allemande, ou qui sont en possession d’une fausse carte d’identité. Elles seront envoyées en Allemagne dans un camp spécial pour un « stage » de six semaines. Au bout de ce temps, tous les détenus sont en principe mis à la disposition du service du travail en Allemagne, sauf ceux dont la conduite amène comme sanction l’envoi au camp de concentration.
- Stufe II. Concerne les personnes ayant fait la collecte de renseignements militaires ou ayant fabriqué des fausses cartes d’identité. Elles sont astreintes à un travail sous surveillance militaire dans un camp.
- Stufe III. Concerne les personnes ayant une arme chez elles ou donné des vêtements à des parachutistes, des prisonniers, etc.
- Stufe IV. Concerne des personnes ayant caché chez elles des parachutistes, ayant accepté des dépôts d’armes parachutées, ayant chez elles un poste émetteur dont elles ne se servaient pas, ou ayant organisé la résistance contre les Allemands.
- Stufe V. Concerne des personnes ayant commis ou ayant l’intention de commettre des attentats contre les Allemands, de même que les possesseurs de postes radio. La sanction prévue est la peine de mort. Pour les radios, peine de mort seulement pour les Français et non pour les Anglais ou Américains.
Les personnes classées dans les Stufen II, III et IV sont envoyées dans des camps de travail, dont le régime est d’autant plus rigoureux que le fait reproché est grave.
2 – Les affaires transmises par le SD à un tribunal militaire
C’est le cas pour les personnes de la catégorie V et souvent aussi pour les cas graves des catégories précédentes. Le tribunal militaire de la FK 748 de Rennes, incompétent en matière d’affaires d’armes ou de politique, envoie les dossiers reçus du SD à Angers et Paris pour avis. En règle générale, ces affaires sont traitées par le tribunal du Befehlshaber pour le Sud-ouest à Angers ou par celui du Kommandant du Grand-Paris. Une seule fois en 1942, Paris a décidé que l’affaire « Hervé et autres » (attentats et sabotages) devait être jugée sur place. Sur les 30 inculpés, 25 sont condamnés à mort puis fusillés le 30 décembre 1942 à la butte de la Maltière. Vers la mi-mai 1944, est créée une section spéciale du tribunal de la FK 748, elle fonctionnera jusqu’en juillet, date de sa dissolution. Elle prononça environ 70 condamnations à mort. En pratique, trois cas sont à envisager : 1) Les affaires les moins graves sont sanctionnées par la déportation et la mise à disposition du Service de la main d’œuvre en Allemagne. 2) Les affaires plus graves aboutissent à la déportation dans un camp en Allemagne. 3) Les affaires les plus graves sont transmises à un tribunal qui, dans la plupart des cas, prononce la peine de mort.
L’organisation du SD de Rennes
Section 1 : Drechsler, Schmerling, Breuer, Schreir, Klein
Section 1 : Hubert, Scheerer, Anton
Après avoir absorbé la GFP, en avril 1942, le SD réquisitionne l’immeuble de la Maison des étudiantes, rue Jules Ferry. Calqué sur le schéma allemand, le Kommando de Rennes comporte sept sections, ayant elles-mêmes des sous-sections.
Section I. État du personnel, gestion, intendance, protection de l’immeuble (assurée par le Bezen Perrot).
Section II. Surveillance de la police française, service des laissez-passer, police des associations et des réunions, missions de surveillance, répression des grèves et de la résistance passive, mesures de représailles, police des étrangers, internements dans les camps.
Section III. Politique économique générale, renseignements économiques, agriculture, pêche, ravitaillement et réquisitions, circulation, transport, emploi des ouvriers français en Allemagne et main d’œuvre en France.
Section IV. C’est la section la plus importante et la plus redoutable avec une douzaine de sous-sections : communistes, émigrants, registres d’écrou, détenus, juifs, religions, francs-maçons, mesures de protection, missions spéciales, etc. Elle dispose d’un Kommando spécial. A partir de 1943, ses attributions sont considérablement augmentées, notamment en ce qui concerne le recrutement d’agents de renseignements.
Section V. Inspection des Aussenkommandos, répression du marché noir, trafic d’or. Section supprimée en 1944 et versée dans la section IV.
Section VI. Politique française, rapports sur le moral de la population, presse, propagande, culture, partis politiques mouvements de jeunesse, questions raciales.
Section VII. Écoles, universités, littérature et éditions.
Garage Caillard
Pour ses déplacements, le SD a réquisitionné le garage Caillard, situé à l’angle de la rue de la Borderie et de la place Hoche. Il dispose d’une dizaine de voitures de tourisme, dont un cabriolet Mercedes-Benz pour le colonel Pulmer, et un cabriolet Opel-Kapitan pour son second, plus trois ou quatre camions et un fourgon cellulaire.
Après avoir été « interrogés » rue Jules Ferry, les patriotes sont ensuite conduits à la maison d’arrêt du boulevard Jacques Cartier, divisée en un quartier « allemand » et un quartier « français », qui ne reçoit jamais de prévenus mais des condamnés dont la peine ne dépasse pas quatre mois. Le quartier allemand est surveillé par des soldats de la Wehrmacht sous les ordres de l’adjudant-chef Feiser, puis ensuite Rauch. Il reçoit tous les prévenus et les condamnés qui attendent leur transfert en Allemagne ou d’autres prisons françaises. Cette prison allemande est sous les ordres du capitaine Kreutzberg, de la FK 748. A cette prison, il convient d’ajouter le camp de détention « Margueritte », composé de baraques, qui était prévu à l’origine pour un camp de prisonniers de guerre. Le personnel de garde est exclusivement allemand.
Personnel du SD de Rennes
Le Kommando de Rennes est un poste important qui comprend environ 70 agents allemands et une quinzaine de secrétaires, tant Allemandes que Françaises. Parmi ces dernières, qui n’ont pas pris la fuite, quelques-unes seront arrêtées à la Libération. L’interrogatoire d’une de ces jeunes interprètes, d’origine alsacienne, révèle des informations intéressantes sur le fonctionnement du SD et la façon dont ces SS traitaient leurs victimes. Les notes de cette interprète seront citées en italique. Les grades sont ceux équivalent à la Wehrmacht.
Section de commandement
Colonel Pulmer
Le colonel Hartmut Pulmer, originaire de Nordhausen, commande l’ensemble SIPO-SD pour la Bretagne. Il a succédé au Dr Heerdt. Pulmer est un national-socialiste convaincu, très dur, qui déteste non seulement les Français, mais aussi ses compatriotes n’appartenant pas au parti nazi ou aux Waffen-SS. Il est craint de ses subordonnés dont il exige une obéissance totale « Sa fonction était Regierungsrat, lui seul avait droit de vie ou de mort sur les personnes arrêtées. » Il est secondé par le commandant Fritz Barnekow : « Barnekow était le chef adjoint de Pulmer. Il était au courant de la plupart des opérations effectuées par le service, mais il n’agissait pas directement dans ces affaires. Il était plutôt chargé de l’administration intérieure du service. Il avait la réputation d’être correct et il est également établi que ses relations avec Pulmer n’étaient pas des plus cordiales. Pulmer était un chef autoritaire qui n’entendait pas partager son autorité. »
 Section I
Sergent Walter section IV
Sergent-chef Strenger
Commandée par le lieutenant Otto Huebner, auparavant inspecteur de police à Stralsund, elle comporte 22 agents. Huebner est décrit comme : « Très méchant avec les Français ». Il est secondé par le sergent-chef Walter Legat : « Extrêmement méchant avec les Français, maltraitait les prisonniers politiques lorsqu’il avait ordre de les surveiller ». Le sergent Kurt Brendt administre les biens des prisonniers politiques : « Pas trop méchant ». Le sergent Otto Krune s’occupe de la trésorerie : « Rien à reprocher ». Le sergent-chef Willi Strenger est le chef du bureau du roulage : « Assez méchant ». Le sergent-chef Ferdinand Suess est le chef du garage de la rue de
Sergent-chef Suess
la Borderie : « Bon envers les mécaniciens français ». Le service compte une dizaine de chauffeurs, dont le sergent Walter, chauffeur du Kommandeur. Le sergent Josef Klein, originaire de Cologne, est le chef du poste de garde, situé dans l’entrée du hall de la Maison des étudiantes : « Renvoyait souvent méchamment les Français et les Françaises qui demandaient des renseignements au sujet des prisonniers politiques. » Le caporal Ernest Seng est soldat du poste de garde : « Très méchant envers les Français demandant des renseignements. Se moquait d’elles lorsque des mères ou des épouses désespérées pleuraient. » Le caporal Georg Schreier autre soldat du poste de garde est jugé : « Plus complaisant envers les Français que Klein et Seng. » Le sergent-chef Gerhard Zimmermann, originaire de Magdebourg, est le chef de cuisine, chargé du ravitaillement : « Il était en contact permanent avec les trafiquants du marché noir qui lui procuraient du ravitaillement. Fréquentait le café de l’Europe et le café de l’Époque. Faisait du marché noir avec la boucherie Vannier, rue du Pré-Botté. »

Section II
Grimm, Bredt et un chauffeur
Dirigée par le Dr Harald Bredt, adjudant originaire de Magdebourg, elle ne comporte que deux agents : Robert Muller, sergent-chef originaire de Dantzig, adjoint de Bredt, auparavant à la GFP, et le sergent-chef Kurt Latsch, originaire de Dessau.





Section III
Adjudant Froboese
Cette section est dirigée par l’adjudant Erich Froboese, originaire de Magdebourg. Il est également responsable du Bezen Perrot, dont il assure le casernement, l’habillement et le ravitaillement, ainsi que pour la Selbstschutzpolizei. Il est secondé par le sergent-chef Gerhard Hildebrandt, originaire lui aussi de Magdebourg, et du sergent Walter Scheerer : « C’est Froboese qui s’est occupé de la milice Perrot, il était à la tête d’un service économique et policier, et c’est lui qui a choisi le siège de la rue Lesage, N° 19. Les miliciens de cette formation se sont procuré leurs armes à la Gestapo. C’est en décembre 1943 que la milice Perrot à commencer à fonctionner. La milice Perrot, généralement en civil, faisait leurs arrestations en uniforme allemand. Les Allemands appréciaient beaucoup la milice Perrot et les considéraient comme de véritables français. Froboese a dit si tout le monde faisait comme eux, la guerre serait déjà terminée. Péresse a commis un meurtre, il a tué un français de la Résistance. J’ai vu le fait consigné dans un rapport, il aurait tué avec sang-froid (région de Martigné-Ferchaud) ».
Section IV.
Sous-lieutenant Lueck
Sergent Barthel
C’est la plus importante avec une trentaine d’agents, dont certains vont commettre de véritables crimes de guerre lors des opérations menées en juin et juillet 1944 contre les maquis du Morbihan et des Côtes-du-Nord. Elle est dirigée par le Sturmbannführer Fritz Barnekow : « Très méchant, voir cruel lorsqu’il prend une décision au sujet des prisonniers politiques. » Il a pour adjoint Hans Krüger, qui va quitter Rennes pour Dijon où il sera nommé chef de la police allemande : « Extrêmement cruel, torturait les prisonniers avec des raffinements de cruauté. » Krüger est remplacé par le lieutenant Helmut Walter, qui ne vaut pas mieux. Parmi les officiers, on trouve le sous-lieutenant Emil Lueck, arrivé à Rennes en 1940, issu de la GFP, très estimé de Pulmer. Un autre sous-lieutenant, Kurt Mannel est à Rennes depuis peu : « Très élégant ». Le sergent Paul Hinz, de Stettin, est responsable de l’organisation des convois de déportés vers l’Allemagne. L’adjudant Adolf Breuer, qui était commerçant à Cologne avant-
Adjudant Fischer
guerre, parlant couramment le français, est considéré comme l’un des meilleurs policiers du SD. C’est lui qui avait mené l’enquête aboutissant aux 25 fusillés du 30 décembre 1942 : « A beaucoup d’amis français, méchant. » Il a été identifié avec Edelkraut pour avoir participé au massacre des résistants de la ferme de la Porcherie à Loudéac le 4 juillet 1944. Son secrétaire est le caporal Léon Mierzynski. Tout aussi réputé, l’adjudant Ferdinand Fischer, qui était commerçant à Magdebourg. Lui aussi parle parfaitement le français. Avant d’arriver à Rennes, Fischer était responsable de l’antenne de Saint-Brieuc, où sévissait l’agent Maurice Zeller, que l’on ne présente plus. Il loge à Rennes au 102, rue de Fougères, chez M. Rouault, où il se fait adresser son courrier sous le nom de Fernand Collin : « C’était le plus cruel de toute la Gestapo. Frappait les prisonniers jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance. On devait toujours faire appel au sanitaire pour les réanimer. Lorsqu’il les menait dans les cellules aménagées dans la cave, leur donnait des coups de pied pour les faire descendre l’escalier et torturait certainement des gens jusqu’à la mort. » Il est assisté du sergent Gerhard
Adjudant Karl
Kruegel, qui parle lui aussi parfaitement le français et l’anglais. L’adjudant Karl Alexander, qui était déjà avec Pulmer à Schrottersburg, dont il partage le domicile rue de Paris, est chargé des affaires importantes et délicates : « Très méchant avec les prisonniers, les torturait. » Autre agent, que l’on retrouvera aux côtés de Fischer à Quimper puis dans le Morbihan : le Dr Hermann Wenzel, dit
« Mexicano », chirurgien-dentiste à Magdebourg, qui parle parfaitement le français et fréquente les cafés de l’Europe et de l’Époque. Wenzel s’occupe des affaires de résistance, notamment sur la région de Pontivy : « Presque aussi méchant que Fischer. » On peut citer aussi le sergent-chef Kurt Lerch, qui était également au service de Pulmer à Schrottersburg : « Très cruel avec les prisonniers, les torturait avec un plaisir évident. » Signalons également le sergent-chef Éduard Mendrina, originaire de Styrie-Carinthie : « Torturait les prisonniers d’après des méthodes qu’il avait vues dans d’autres pays. Il attachait un prisonnier au mur par les bras, les pieds ne touchant pas terre,
Sergent-chef Grosse
et les frappait jusqu’à inanition
. » Un adjudant, Franz Pesentheimer, est aussi qualifié de « Très méchant ». Le sergent Karl Schaefer, qui parle très bien le français : « Était mal vu parce qu’il avait soi-disant trop bon cœur lorsqu’il interrogeait les prisonniers». C’est également le cas du caporal Max Ziegler, mis à la disposition du SD en qualité d’interprète par une unité de la Wehrmacht : « Très aimable avec les prisonniers. Les encourageaient et les soutenaient lorsqu’ils étaient fatigués. » Autre policier originaire de Magdebourg – on remarquera que cette ville semble avoir été un véritable vivier d’agents pour le SD de Rennes – le sergent-chef Gerhard Grosse, interprète du Kommandeur. Parlant couramment le français et l’anglais, Grosse a été envoyé à deux reprises à Jersey et Guernesey avec d’importantes sommes d’argent pour le service de renseignements. Le sergent-chef Walter Teike, qui vient de la GFP, s’occupe des convois de déportés pour l’Allemagne. Wilhelm
Sergent Ernser
Goering est également originaire de Magdebourg. Le sergent Josef Ernser s’occupe des affaires juives : « Un sous-officier nommé Ernser contrôlait Du Perron de Maurin au point de vue affaires juives. Les prisonniers qui venaient à la Gestapo étaient très nombreux. En attendant leur interrogatoire, ils étaient gardés par un membre du Bezen Perrot, au rez-de-chaussée. En me promenant dans les couloirs de la Gestapo, j’ai entendu fréquemment des cris des hommes que l’on torturait et que l’on frappait. » Le sergent Willi Barthel fréquente une Rennaise employée à la Kriegsmarine : « Qui a dénoncé un étudiant ».


Caporal-chef Edelkraut




Section V.
Cette petite section ne comporte que deux agents : le sergent Rudolf Wolf, qui s’occupe des affaires de droit commun, comme les vols dans les unités et service allemands, et de la répression du marché noir. Il est assisté du caporal-chef Edelkraut: « A tiré sur un prisonnier qui voulait s’évader ».



Section VI.
Adjudant Grimm
Sergent-chef Kerboth
Petite section là aussi avec seulement deux agents, mais dont l’activité est essentielle puisque c’est elle qui traite les informations fournies par les centaines d’agents de renseignement ou indicateurs français. La section est dirigée par l’adjudant Hans Grimm, un protestant de 45 ans, en poste à Rennes depuis 1942. C’est un des personnages les plus influents du SD, qui a été le bras droit de Pulmer. Grimm parle parfaitement le français. Avec sa maîtresse, il occupe un appartement au 26, rue Saint-Melaine, où il reçoit les indicateurs français et paye les dénonciateurs. Il a pour secrétaire le sergent-chef Otto Kerboth, originaire de Magdebourg.
Section VII.
Fraeulein Dr Langer
Sergent-chef Dr Block
La responsable de cette section est le Dr Langer collaboratrice directe de Grimm, en charge des questions universitaires et scolaires.
A ces sections, il faut ajouter un service médical, tenu par le Dr Hans Block : « Se cantonnait strictement dans son rôle de médecin ». Le sergent-chef Hermann Kaiser s’occupe des armes et de l’habillement. En charge également du service photographique. Le caporal Helmut Koebke, originaire de Stettin, est responsable du central téléphonique. Auparavant à la GFP, en poste au SD depuis 1942. Parle aussi bien le français que l’anglais. Curieusement, il n’a pas été membre des SA ou de la SS et n’est pas confirmé SIPO. Le breton Claude Geslin, adhérent du PNB dont il a été exclu, fait fonction d’interprète et accessoirement d’indicateur. 
Personnel féminin. Les postes de secrétaire les plus sensibles, comme le commandement et la section IV, sont occupés par des Allemandes, au nombre de huit. Quatre Françaises travaillent également comme secrétaires-dactylos ou secrétaires-interprètes. La plus jeune, une dactylo Alsacienne qui vient d’obtenir son diplôme à Strasbourg, est réfugiée à Rennes avec sa famille, dont le père travaille aux Tanneries de France. Maîtrisant la langue allemande, elle trouve sans difficulté un poste de secrétaire, rue d’Isly, dans un service de la Luftwaffe en 1940, alors qu’elle n’a que quinze ans. Elle est ensuite embauchée comme secrétaire-interprète par le SD : « Je croyais qu’il s’agissait d’une police ordinaire. A ce moment j’avais 17 ans et je ne me rendais pas compte de l’organisation du service de police. Quand j’ai demandé à partir il m’a été répondu que je serais envoyée en Allemagne », au mois de septembre 1942, avec un salaire de 3 200 F, ce qui n’est pas rien pour son âge. Inquiétée par le CDL à la Libération puis arrêtée, un membre de la Résistance va venir à son secours en expliquant qu’elle lui fournissait des renseignements : « J’étais chargée de taper quelques listes pour la Trésorerie. Il y avait beaucoup de gens qui allaient à la Gestapo. J’étais placée près de la fenêtre et je pouvais les voir. Nombreux étaient les civils qui venaient comme agents : ceux-là n’avaient pas besoin de montrer leurs papiers. J’ai réussi à me procurer la liste dans le bureau même où je travaillais. Le chef du service en 1943 était Heerdt, puis le colonel Pulmer. Beaucoup d’officiers et sous-officiers de la Gestapo étaient Waffen SS. Il y avait des soldats qui étaient également de la Waffen SS. Grimm, Fischer et Breuer étaient de la GFP et ils sont venus. J’ai vu souvent venir à la Gestapo les personnages que vous me montrez. C’est Grimm qui s’occupait surtout des dénonciations. Les adjoints de Pulmer étaient le Dr Schweinhalmer puis le Dr Weyse puis M. Barnekow (…) En décembre 1943, une cinquantaine de Bretons du PNB s’enrôlèrent volontairement dans la Gestapo. Ils portaient l’uniforme de la Gestapo et partaient très souvent en mission avec les Allemands. Ils gardaient les prisonniers devant être interrogés et assistaient sans doute aux tortures. Tous les mois j’étais chargée de préparer les feuilles de salaire de ces Bretons. Chaque fois je copiais deux ou trois noms que je glissais dans ma chaussure. »
Lorsqu’ils effectuent des arrestations ou perquisitions chez les résistants, ces policiers opèrent généralement en civil. Mais, après le débarquement, pratiquement tous sont en opération contre les maquis, revêtus de leurs uniformes avec un brassard portant les lettres SD sur la manche gauche, aux côtés d’unités de la Wehrmacht. Les secrétaires allemandes sont également en civil et ne portent pas l’uniforme des jeunes filles auxiliaires de la Wehrmacht. La plupart d’entre elles sont en fait des étudiantes en cours d’études dans les universités allemandes et ayant des connaissances de français. Elles font un stage de trois ou six mois au SD de Rennes et regagnent ensuite l’Allemagne, soi-disant pour reprendre leurs études.
Antennes du SD de Rennes en Bretagne
Aussenkommando I de Saint-Malo
Considérant Saint-Malo comme un point sensible, le SD de Rennes y installe une Aussenstelle, qui sera supprimée au printemps 1944. Elle est située villa des « Quatre Vents », chemin de la plage à Rochebonne. Ce poste, commandé par Émil Luck en 1943, comporte cinq agents : Roth, Landwehr, Schultz, Oeft, et Rudolf comme interprète. Le SD travaille avec la Feldgendarmerietrupp 511 de la Kreiskommandantur de Saint-Malo.
Aussenkommando II de Saint-Brieuc
Roger Elophe, SD Saint-Brieuc
Ce poste est en place depuis l’automne 1941 dans une villa au 5, boulevard Lamartine. Son activité s’étend sur tout le département et il est en relation directe avec Rennes, d’où des agents, notamment Fischer et Breuer, viennent constamment pour les opérations importantes. En juillet 1944, on dénombre huit agents et deux interprètes. Le chef est le sergent SS Georg Kuper, qui parle très mal le français, très actif. Il succède à Paul Hammer. Autres agents : Arno Thuro, Wilhelm Funke, Rudolf Kiekhaefer, Friedrich Wierse, Ernest Adam, Ernst Kroll. Une française, qui était auparavant à Brest, est interprète. Il y a également l’interprète français Roger Elophe, auparavant à Quimper, qui ne se contentait pas seulement de traduire mais donnait à l’occasion un « coup de main » aux tortionnaires.
Aussenkommando III de Brest
Cet Aussenkommando a son siège à l’école Bonne-Nouvelle, en Kérinon-Lambezellec, mais étant donné l’importance de la région, il y a également un poste à Morlaix au 14, quai de Tréguier, qui dépend administrativement de Brest et ne correspond pas directement avec Rennes. Il ne comporte que trois agents. Le poste de Brest est dirigé par le lieutenant Georg Roeder. Début juillet 1944, Roeder prend le commandement du Bezen Perrot et de la SSP de Rennes qui, avec l’appui d’unités allemandes, mènent des opérations contre la Résistance dans la région Scrignac-Carhaix. Autres membres : sous-lieutenant Johannès Adams, sergent-chef Érich Dorendorf, sergent-chef Hermann Streuer, sergent Heinrich Kettenbeil, adjudant-chef Peter Schoemaker, sergent Weidmann, sergent-chef Schneider, caporal chauffeur Frank, caporal chauffeur Kaiser, caporal chauffeur Paul. Une certaine Alice, interprète, était la maîtresse d’Helmut Reick, du temps ou celui-ci était à Brest, avant de venir à Rennes. Il y a une autre interprète, prénommée Marie-Louise.
Aussenkommando IV de Quimper
Réunion du SD à Quimper : Huenebeck, Baumann, Fenske, Guenther, Wenzel, Wisberg


Ajouté le 12 avril 2020 : 6 février 1947, déposition du commissaire de police Eugène Le Faou, qui a bien connu le SD de Quimper, installé au 15, rue Laënnec :

- Fenske Paul, 40 à 50 ans, secrétaire de police dans le civil, grand, large d’épaules, paraissant peu intelligent, mais têtu et vaniteux. Très zélé pour la recherche des patriotes français qu’il détestait. Caractère froid, chef du service.

- Gunther Oscar, adjudant, sous-chef, tout dévoué au service, homme sournois, parlant très bien le français mais ne le laissant pas paraître. Il s’occupait surtout de la fourniture de victuailles à ses collègues.
- Tholert Oscar, adjudant, détestait les Français qui, pour lui, étaient tous des menteurs. Il s’adonnait à la boisson et était sujet à des crises de delirium-tremens, spécialiste dans la torture des patriotes arrêtés.
- Webert Erich, adjudant, journaliste de profession, lettré, il semblait s’occuper d’avantage de photographies de livres que de son métier, mais obéissait aveuglément aux ordres de son chef qu’il paraissait pourtant mépriser. Personnage intriguant, onctueux, obséquieux, il parlait très couramment le français et avait réussi à se faire admettre dans certaines familles françaises de la région. Il s’occupait plus spécialement de rechercher des individus susceptibles de renseigner le service.
- Wenzel Nier, caporal, d’origine sudète, exerce la profession d’employé de bureau dans le civil (Caisse d’Épargne), peu intelligent, en admiration devant la Grande Allemagne, sournois, traître, bon à tout, il exécutait les corrections corporelles lors des interrogatoires des Français.
- Wisberg Hans, chauffeur du service, profession jardinier, marié, caractère brutal, noceur. Le 3 avril 1944 il fut arrêté par ses collègues et dirigé sur la prison de Fresnes. De là il aurait été conduit sur le front russe (J’ignore les motifs de cette sanction).
- Hunnebeck Oscar, soldat-chauffeur, un peu le genre du précédent, plus raffiné cependant, il participait aux « corrections corporelles ».
- Bulbring Else, dactylo, femme vulgaire, paraissant plus faite pour être femme de ménage que dactylo, elle était la maîtresse du chef Fenske et anti-française acharnée.
- Schwartz, caporal, professeur de français en Allemagne, venu à Quimper pour remplacer l’interprète français Roger Elophe, qui quitta cette ville vers le mois de décembre 1943 pour se rendre à Saint-Brieuc. Il n’était pas nazi et semblait détester la fonction qu’il remplissait, ainsi que son chef.
- Elophe Roger, interprète français, condamné après la Libération par la Cour de Justice de Saint-Brieuc aux Travaux forcés à perpétuité.

Aussenkommandos du Morbihan
Le Morbihan étant l’un des départements bretons où la Résistance était la plus active et la mieux organisée, le SD y installe logiquement plusieurs postes qui, fait rare, travailleront en relation étroite avec la Feldgendarmerie et des unités de la Wehrmacht : Russes blancs, Ukrainiens et autres Géorgiens. C’est dans ce département, au mois de juillet 1944, que vont être commis les pires exactions et crimes de guerre commis par des policiers SD en provenance de Rennes et Quimper. Celui qui aura le plus marqué les esprits étant l’exécution, le 12 juillet à Plumelec, du capitaine Marienne et de ses parachutistes SAS en uniforme et désarmés, par Fischer et la bande à Zeller.
Aussenkommando de Vannes
Installé au 43, rue Jeanne d’Arc, ce poste est commandé jusqu’à Pâques 1944 par le lieutenant SS Kursawa, qui vient de la section IV de Rennes où il était très estimé de Pulmer. Le sous-lieutenant SS Baack lui succède jusqu’à la Libération. Autres agents : Stiller, Knaupf, Cruel, plus quatre autres membres non identifiés.
Einsatzkommando de Pontivy
Ce poste, créé au printemps 1943, période d’éclosion des maquis, est destiné à la surveillance d’un point sensible situé à peu près à mi-chemin de Vannes et Saint-Brieuc. Il est installé au 40 bis, rue Nationale à Pontivy. Il est dirigé par le sous-lieutenant Hammer, qui vient du poste de Saint-Brieuc, avec qui il maintient la liaison. Il est secondé par le capitaine Dobbler. Autres agents : sergent-chef Hedrich, sergent Schnauer, passé adjudant et muté à Locminé, caporal-chef Adler, caporal-chef Heide, Sonderführer Bariekers. La liaison avec Rennes est effectuée par Hermann Wenzel et Fischer. Wenzel semble avoir dirigé le poste en juin et juillet 1944, les deux mois les plus meurtriers pour la Résistance morbihannaise.Une notice le concernant a été rédigée le 16 mars 1945 par le 5e Bureau de la 11e Région militaire de Rennes :

"Dr Wenzel Hermann, Hauptscharführer, dit “Mexicano”. Vient de la GFP. A Lorient, au moins de décembre 1941 à juin 1942 inclus comme membre de l’Unité : Gru. Geh. Feldpolizei 2. 3 Kommissariat Feldpostnummer 26. 918.

Grade : Uffr. Und H.F.P.B. (H Feldpolizeibeamte)
Membre du SD de Lorient jusqu’à la dissolution de ce poste en février 1943.
A fait partie du service SD de Pontivy dès le début 1943 comme SS Oberscharführer et adjoint de Hammer, chef du SD de Pontivy."
Le groupe quitte Pontivy le 3 août vers 15 h 30 à bord de six Citroën noires.
Kommando de Locminé
Le poste de Locminé, ville tristement connue pour ses geôles où ont été torturés les résistants morbihannais, est commandé par le lieutenant Werner Goy, 33 ans, parlant très bien le français, originaire de Stuttgart. Il est secondé par l’adjudant Schnauer, qui était à Pontivy, originaire de Hambourg, ne parle pas français. Autres agents : caporal-chef Schulze, sergent-chef Pesentheimer, vient de la section IV de Rennes, sergent-chef Gewicke, capitaine Wolf, arrivé début juillet de la section V de Rennes, sergent-chef Heindrick, s’occupe du ravitaillement, Bruser, sous-officier de la GFP, interprète de Schnauer. 
28 janvier 2020. Les résistants exécutés dans le bois de Botségalo en Colpo, les 18 et 22 juillet 1944, ont été abattus un par un d'une balle dans la nuque par le sergent-chef Ferdinand Suess et le sergent-chef Gewicke ( Interrogatoire d'André Geffroy du Bezen Perrot.)
Kommando de Lorient
Ce poste a été supprimé après les bombardements qui ont causé l’évacuation de la ville. Il était dirigé en 1941 et 1942 par l’adjudant SS Wenzel. Le seul membre identifié est Paul Hammer, du SD de Saint-Brieuc. 
Il y avait également un poste du SD et un groupe du Bezen Perrot à Guémené-sur-Scorff. 
L’Ordnungspolizei (ORPO)
Moins connue que la Gestapo ou le SIPO-SD, l’Ordnungspolizei (ORPO), sous les ordres de Karl Oberg, est composée de bataillons de police essentiellement stationnés à Paris, où se trouve le siège, rue de la Faisanderie, avec quelques kommandos régionaux. Le seul poste de l’ORPO en Bretagne se trouve à Rennes, au 8, Bd Volney. Il est dirigé depuis 1942 par le commandant Eichmann, qui vient de la Schupo. Il est assisté par le capitaine Eckert, venu d’une unité d’infanterie après avoir été blessé sur le front de l’Est. Il y a également un interprète, Lucke, deux plantons plus une dactylo. L’ORPO a surtout une fonction administrative en supervisant le travail de la police française et donnant des directives générales, mais sans s’immiscer dans l’organisation même des services : gendarmerie, corps urbains, GMR, gardes-voies et communications. Le commandant Eichmann, Eckert et Lucke prennent leurs repas au mess du SD mais les relations entre Eichmann et Pulmer sont assez tendues, par suite de l’opposition de caractère entre les deux hommes : Pulmer violent et autoritaire, Eichmann plutôt compréhensif et ne faisant pas preuve d’assez de zèle national-socialiste aux yeux du premier.

Adolf Breuer et Marie-Thérèse Honorez
Connaître avec précision le nombre de patriotes arrêtés, torturés, déportés ou fusillés par les policiers du SIPO-SD est évidemment impossible. Les estimations les plus fiables avancent le chiffre de 2 000 résistants passés entre leurs mains. Ce qui est considérable, lorsque l’on sait que les effectifs étaient d’environ 170 agents pour toute la Bretagne. Ce résultat aurait été impossible sans les renseignements fourni par un vaste réseau de plusieurs centaines d’indicateurs ou d’agents issus des différents partis collaborationnistes de Bretagne. Une liste a été découverte rue Jules Ferry à la Libération. Chaque agent avait un n°, précédé des lettres SR, qui signifient Sicherheistpolizei de Rennes. Cette liste est a manipuler avec beaucoup de précaution. Lors de son interrogatoire, Breuer déclare en effet : " Je dois préciser qu'il peut arriver qu'un n° SR ait été attribué à un homme qui n'a pas travaillé pour nos services comme indicateur." L'interprète Marie-Thérèse Honorez cite le cas Yann Fouéré, SR 715 : "Fouéré Yann, journaliste, n'a pas fourni de renseignements à la police mais bien à la censure allemande du quai Lammenais." Il s'agit de la Propaganda-Staffel, qui n'a rien à voir avec le SD.
Le 3 août 1944, un convoi se forme devant la Maison des étudiante puis prend la direction de l’Allemagne avec à son bord le personnel du SIPO-SD de Rennes, le Bezen Perrot et quelques civils, femmes et enfants du PNB. A part Adolf Breuer et sa maîtresse, l’interprète
Marie-Thérèse Honorez, qui ont été arrêtés à Bruxelles, alors qu’ils étaient entrés en Belgique avec un convoi de réfugiés allemands en 1945, nous ne savons pas ce que sont devenus les autres officiers et sous-officiers du SD, recherchés comme criminels de guerre. Interrogé à deux reprises, Breuer va livrer plusieurs informations. La Cour de justice de Rennes ayant réclamé son extradition, il va se suicider dans sa cellule.
Ci-contre feuille d'entrée au SD de l'agent SR 701 Joseph le Ruyet : "Est secrétaire au PNB. S'engagea pour travailler, veut se faire de l'argent. Consent à être à l'affut en tout  temps. Renseignements vérifiés exacts. Convient très bien aux enquêtes sur les questions religieuses et universitaires. A notre service depuis le 1er février 1942." Le 7 février 1944, avec Ange Péresse du Bezen Perrot, lui aussi originaire de Bubry, Le Ruyet participe à une rafle aux côtés des Allemands dans sa propre commune natale. En rétorsion, le 14 avril suivant à Bubry, sa sœur Hélène sera abattue en plein jour de deux balles dans la tête par quatre hommes masqués.
S'il ne fait aucun doute que c'est en Bretagne que la Résistance fut la plus précoce, avec un pourcentage d'engagés volontaires aux FFL quatre fois supérieur à celui de la France par rapport à la population adulte masculine, j'incline à penser que c'est aussi la région qui a fourni le plus de mouchards à la Gestapo.