mardi 9 juin 2015

Pierre-Antoine Cousteau en reportage avec la Milice à Rennes


Moins célèbre que son jeune frère Jacques-Yves Cousteau – le commandant au bonnet rouge – Pierre-Antoine Cousteau (1906-1958) fut un collaborationniste résolument engagé, notamment au journal Je suis partout, avec Lucien Rebatet ou bien encore Robert Brasillach. Les deux articles qui suivent ont été publiés au tout début du mois de juillet 1944. Il s’agit d’un « reportage » de Cousteau « venu rejoindre en Bretagne mes camarades les francs-gardes bénévoles de la région parisienne partis comme volontaires ». La « Deuxième unité de marche » de la Milice française arrive en effet le 8 juin 1944 à Rennes, en provenance de Poitiers. Ces francs-gardes sont cantonnés dans un premier temps rue de Griffon, avant de prendre leurs quartiers à l’Asile Saint-Méen et au château d’Apigné. 
Bâtiment où séjourna la Milice au 5, rue du Griffon
Comme l’écrit Cousteau, c’est la déception « Les francs-gardes de Paris étaient partis pour se battre. Ils étaient pressés de décerveler des terroristes, de venger sur les salopards de la résistance juive tous nos camarades assassinés. Mais au lieu d’embuscades meurtrières et romantiques (…) Il a fallu déblayer les décombres de Rennes et de Fougères. » La ville de Fougères a été durement touchée par deux vagues de bombardement les 6 et 8 juin 1944, faisant plus de 200 victimes. Á peine arrivé à Rennes, un groupe de miliciens, parmi lesquels le jeune « Fernand », dont on lira la lettre plus bas, est envoyé là-bas pour déblayer. Le reste de la troupe prêtera main forte aux secouristes lors des bombardements des 9 et 12 juin 1944 à Rennes. Ces corvées de déblaiement n’empêchent pas les miliciens, sous les ordres du sinistre De Constanzo, dont Cousteau nous dresse un véritable panégyrique, de procéder aux arrestations de « terroristes » qui sont ensuite emprisonnés à l’asile Saint-Méen. « Allons au « trou » jeter un coup d’œil sur les captifs. Ils sont une cinquantaine, dont une demi-douzaine de femmes » écrit Cousteau. 
Durant tout le mois de juillet et jusqu’à l’arrivée des Américains, ce ne seront que rafles, arrestations, tortures et exécutions sommaires. Cousteau est déçu. Ses camarades lui proposent bien une expédition le jour même de son arrivée « Oh ! une toute petite expédition », mais il aurait préféré « l’assaut d’un bourg FTP ». Notre reporter devra donc se contenter d’une « capture sans histoire » de ses deux premiers « clients », puis d’un troisième « cueilli » sans difficulté. Ils seront d’ailleurs relâchés plus tard ! Quoi qu’il en soit « c’est toujours excitant de jouer au gendarme et au voleur en pleine nuit avec de vraies armes… » Comble d’ironie, le jour-même ou parait l’article de Cousteau dans Je suis partout, daté du 7 juillet 1944, les francs-gardes sont engagés dans une opération contre le maquis du bois de Buzot à Broualan. Le reporter eut alors pu voir ses « camarades » à l’œuvre, notamment Constanzo, qui va se défouler à coups de ceinturon sur l’adjudant Imbert, obligé de se déshabiller. Un autre résistant, René Capitan, nu lui aussi, sera frappé à coups de nerf de bœuf, avant d’être abattu d’une balle dans la tête. Son corps sera laissé sur place. Après avoir fait trois autres victimes dans le bourg de Broualan, les miliciens rentrent sur Rennes en effectuant plusieurs arrestations. 
Patriotes encadrés par la Milice à l'asile Saint-Méen
Sur le chemin du retour, ils font halte à Saint-Rémy-du-Plain, où huit résistants sont abattus dans une carrière. Les patriotes restants sont ensuite amenés à l’asile Saint-Méen où s’effectue un premier tri avant les tortures au château d’Apigné. 
Je suis partout (ADIV)


Retranscription (avec les fautes) de la lettre en date du 19 juin 1944, adressée à son chef par le jeune milicien Fernand :

Chef,
Deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui ne sont pas trop mauvaise et j’espère que vous c’est de même ainsi que celle des copains.
Notre départ de Paris a été un peut mouvementé, arrivé à Falguère station, alerte, arrêt des trains, je dessent et à la surface bombardement en règle, tire de DCA. J’ai vue pour mon compte descendre 7 saloparts. Arrivé à Auteuil le car était partit depuis ¼ d’heure, aucun officier pour me renseigner, le matin j’ai rencontré à la gare un chef de dizaine qui a téléphoner rue Drouot et ces le chef de la Rivière qui a répondu. Le train était à un km de la gare mais qu’il fallais rejoindre Drouaot qu’il y aurais une voiture pour ravitailler les copains, pour finir nous avons retrouver les copains à Auteuil, nous avons pas retrouver les camarades dans le train pour les ravitailler. Nous avons eut des camions pour aller d’Auteuil à Austerlitz car l’autre gare était foutue.
Dans le train petit accident, nous avons croisé un train du génis Français avec sur les portes des croix de Lorraine, sur les interpellations de nous autres, ils ont montré le point lever. Nous avon été trouvé notre chef de convois, il nous a répondu qu’il nous interdisais formellement toute manifestation, qu’elle plaisir que l’on aurai eut de les descendres. Nous sommes a 10 heures du matin nous avons roulé jusqu’à 1 heure. Arret d’une heure sur la voie ensuite nous sommes repartit, arrivé à Poitier à 9 heures du soir, le matin lever à 7 heures, petit déjeuner à 8 heures. Ensuite distribution des effets, j’ai été désigné pour essayer les complets, chaussures etc. ensuite distribution d’arme par les chefs de dizaine. J’ai récolté un fusil américain, je fais remarquer que les armes ont été distribuées par camaraderie ainsi que la désignation des chefs de dizaine et de main, pour les corvés de casernement ca na pas manqué, enfin nous avont avec 5 jours sans aucun maniement d’arme, une chose bien maleureuse c’est que nous avons beaucoup de jeune qui n’ont pas été militaires. Resu l’ordre de prendre juste le néssaissaire de linge de corps, le matin lever à 2 heures, départ à 3 heures nous arrivons à la gare pas de train tout les employés partit, nous avons réquisisionner des cars et des voitures particulières qui nous ont emmener à Rennes. De Rennes nous avons rester 2 jours dans les cars a coucher ensuite départ pour Fougère arrivé dans les environs nous avons assisté au bombardements de cette ville qui n’était pas objectif militaire, le lendemain après-midi noud avons pus rentré en ville rien que des ruine avec des bombes a retardements enfin comme les anglais revenais nuit et jours nous avons été forcé de couché dans les cars hor de la ville.
Depuis quelques jours nous avons réquisissionner un pensionnat de jeunes filles tenu par des sœurs nous avons un lit de pensionnaire de jeune fille des photo de piété, mais toutes les nuits c’est un bombardement formidable, des bombes a retardements qui éclate, quelle musique !
Notre travail consiste a faire la police à descendre les pillards à déterrer les cadavres à dégager les ensevelis vivants, en un mots a faire un travail pour lequelle l’ont n’est pas venu, depuis le matin 6 heures1/2 jusqu’au soir 11heures on ne fait qu’a être en service, jamai un jours de liberté, tenu comme au bataillon de discipline, tout les camarades en ont mare car l’ont nous prend pour des imbéciles, nous n’avons pas encore eut l’occasion de faire un combat, notre moral est a bout. Quand a mois il n’en manque de peu que je prenne la déssision de retourner a Melun et si l’ont ne veut pas me laisser partir en prenant une voiture, car jamais ici ont ne prendra part au combat.
Je suis venu comme volontaire pour me batre et non comme planqué pour mener une vie de caserne, j’ai un grand regret d’avoir accepté cette campagne. J’aurai mieux fait de partir dans la Waffen SS que de venir à la milice pour éplucher les patates, corvé de tinette, fossoyeur en un mots faire l’imbécile. Je ne conseillerais jamais a personne de partir de cette manière.
Chef ne voyant plus rien à vous dire pour l’instant je termine en vous serrant une cordiale poignée de mains et vous donnant le salut milicien. Signé : Fernand
PS : Je mescuse au-près des copains de n’avoir pas écris mais réellements cela m’est impossible pour l’instant, à tous une fraternelle accolade.

Je suis partout du 7 juillet 1944 (ADIV)