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et bibliothèques étant fermées pour cause de « confinitude », comme
dirait l’autre, j’en profite pour faire un peu de ménage dans mon ordinateur et tombe sur une intéressante lettre de Charles Foulon, secrétaire du Comité
départemental de la Libération (CDL 35), en date du 11 décembre 1945, adressée
à Maître Daucé, avocat au barreau de Rennes, au sujet de Jean-Pierre Louail,
qui exploite une ferme située au Poirier-Nivet, faubourg de
Saint-Laurent : « Il vient de recevoir une convocation à comparaître
devant la Chambre correctionnelle économique, et vous pourrez vous rendre
compte qu’il s’agit là d’une affaire de peu. Il n’est en effet, à en croire le
témoignage de l’intéressé (parfaitement digne de foi) question que d’un marché,
passé avec l’unité allemande stationnée au Lycée de garçons de Rennes, et qui
permettait à M. Louail d’obtenir les eaux grasses contre un cochon par
trimestre. Ce cochon trimestriel est à l’origine de l’affaire. Mais en
admettant qu’il y ait bénéfice, (et c’est à prouver) il ne serait à mon avis
que justiciable de la C.C.P.I. Enfin ces messieurs, ne sachant ou ne voulant
pas arrêter Bonnet-Dubost et Sordet, se rattrapent sur des Louail. »
A
cette époque, Foulon habite au 7 bis, boulevard Volney, donc pas très loin de
chez Louail : « Ce que je puis dire, c’est qu’à mes yeux, M. Louail,
qui est mon fournisseur habituel de lait, est un brave homme. » Foulon
précise que Louail fournissait également son voisin M. Leray, qui hébergeait Le
Gorgeu, pendant que lui-même accueillait Tanguy-Prigent. Plus intéressant : « Il
a hébergé chez lui un résistant interdit de séjour à l’Ile aux moines, qui
s’était réfugié à Rennes après une condamnation par les Allemands. D’autre
part, il a accepté, en mai 1942, d’héberger chez lui un jeune juif, Robert
Neimann, élève au Lycée de garçons de Rennes, dont le père était déporté.
Malheureusement ce jeune homme ayant préféré demeurer avec sa mère, fut déporté
lui-même avec celle-ci le 16 juillet 1942, en Allemagne et en Europe orientale,
où il doit être mort. »
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Robert Neimann. |
Robert
Neimann « Apatride d’origine russe », né le 29 septembre 1924 à
Paris, a été l’élève de Charles Foulon au Lycée de Rennes, avant d’être arrêté
le 16 juillet 1942, rue Duhamel, où ses parents étaient tailleurs. Déporté sur
Auschwitz, il ne reviendra pas. A ce sujet, on peut consulter L'écho des colonnes, n° 33, septembre 2009, bulletin de l'AMELYCOR.
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Fonds Foulon, Archives de Rennes |
Charles Foulon, du fait de ses fonctions au CDL, s'était fait beaucoup d'ennemis au sein des nationalistes bretons lors des procès de l'épuration. Ainsi ce "petit colis" reçu au mois d'avril 1945 et posté de Paris probablement par un membre du PNB. Ce qui ne l'empêchera pas d'intervenir à plusieurs reprises auprès de Tanguy-Prigent en faveur de Claudine Mazéas, qui avait été arrêtée avec sa mère juive, sa grand-mère et son frère, puis transférée à Drancy, où elle contractera une pneumonie, afin qu'elle obtienne une pension. Contenant des informations médicales, le dossier n'est pas consultable.
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