Les 75 000
internautes qui ont eu la curiosité de consulter mon blog ont pu remarquer que
je ne l’ai guère alimenté depuis cet été. Cela tient tout simplement au fait que
je suis très accaparé par mon prochain ouvrage, dont je commence à voir la fin.
Pour patienter, en cette fin d’année plutôt agitée sur le plan social, puisqu'il est question encore et toujours de ces "privilégiés" de fonctionnaires, je vous propose un moment de détente avec cette étonnante lettre qui, heureusement, ne sera pas suivie d'effet.
Monsieur
le Préfet Régional
Je
me permets de vous écrire directement et personnellement en tant que
contribuable, grand blessé de guerre et père de famille nombreuse.
Je
commence par vous dire que je suis un homme du Maréchal.
Je
tiens à porter les faits suivants à votre connaissance : Il existe à la
Direction des postes à Rennes, un bureau de la Caisse d’Épargne dont la gestion
constitue, moralement un vrai scandale.
Ce
bureau est dirigé par une dame M., assistée d’une surveillante, la dame A.
J’accuse
publiquement.
1o)
Madame M. et madame A. de ne jamais embaucher à l’heure, bien que chefs, donc
devant donner l’exemple. Par contre, elles sont toujours parties un quart d’heure
avant l’heure de départ.
Le
bureau ouvre à 8 heures. Or, il est patent que madame M., logée
administrativement et dont l’appartement est contigu à ses bureaux, ne vient
jamais qu’à 9 heures, dix heures, ou même pas du tout.
Quand
un inspecteur arrive, une certaine dame B. courre (sic) la chercher chez elle et
personne n’y voit rien, sauf les employées.
Quant
à la dame A., surveillante, elle n’est jamais là avant huit heures vingt ou
huit heures trente. Bien entendu le personnel n’étant pas surveillé, vient
quand il veut et à l’heure qu’il lui plait. J’ajoute qu’il s’en va de même, dix
ou quinze minutes avant l’heure. Pour vérifier tout ceci, il suffirait que M.
le Préfet Régional envoie un homme à lui, dont il soit sûr, pour le vérifier
(et non pas un inspecteur des Postes qui ne voudra rien signaler, bien qu’au
courant…) L’entrée de ce bureau est : escalier de la radio, au 1er
étage. Passer sous la voûte du bâtiment des Postes, prendre la première porte à
droite, rue du Pré-Botté, entre le passage voûté et la rue de la Chalotais.
Monter au 1er étage.
Une
inspection faite à huit heures du matin, à l’improviste, édifierait votre
représentant. En tant que contribuable, j’estime scandaleux de payer des impôts
pour de pareils fonctionnaires.
2o)
J’accuse Mme M. de vol. Cette dame a volé des bicyclettes à de
malheureux réfugiés. Pour l’établir, je demande d’abord une perquisition serrée
chez cette dame et une recherche de l’origine des bicyclettes que l’on y
trouvera. Ensuite un interrogatoire des deux jeunes gens dits
« boulistes » du bureau qui sont au courant et situeront exactement
les circonstances du vol.
3o)
J’accuse Mmes M. et A. ainsi qu’une certaine dame B., du même bureau, de
propagande anglophile et gaulliste éhontées, notoire et publique.
Les
employées du bureau qui restent Françaises, sont insultées, menacées et l’objet
de réflexions désobligeantes. Quiconque n’est pas gaulliste est mal vu dans ce
bureau.
Le
Maréchal est traité publiquement par ces
trois dames de vieille noix, vieille baderne, baveux, etc…
Je
ne sais si les employées voudront parler sur ce chapitre car celles qui ne sont
pas gaullistes sont absolument terrifiées par ces trois dames et craignent des
représailles.
4o)
Vous pourriez enfin prescrire une enquête très serrée sur la scène scandaleuse
et publique qui a eu lieu dans ce bureau entre Mmes A. et M. le samedi 22
courant. Vous seriez édifié sur la valeur morale, l’autorité et la façon de se
tenir de ces deux chefs.
J’accuse
Mme M. d’être la risée de ses subordonnées en raison de son peu de zèle, de son
absence de toute qualité de direction et de son incapacité notoire. Cette dame
ne doit sa nomination, fait connu, qu’à la cause des attaches de son mari,
clerc de notaire à Rennes, avec la F.o M.o, ce que chacun
sait.
Je
vous demande, M. le Préfet :
1o)
La révocation de Mme M. incapable administrativement et coupable de vol.
2o)
L’envoi dans d’autres localités de Mmes A. et B. en raison de leur propagande
anglophile et gaulliste et des sévices exercés sur les femmes patriotes du bureau
ainsi que du mauvais exemple donné par leur peu de zèle.
M.
le Préfet Régional, je crois devoir porter ces faits à votre connaissance et
vous prie d’agréer mes respectueuses salutations.
Vive
le Maréchal.
Un
vieux et bon Français outré par ce qu’il a appris sur ce bureau.
Monsieur
le Préfet, je compte que ma lettre sera suivie, notamment l’affaire de vol de
bicyclette, facile à établir. S’il est nécessaire, je saisirai le Procureur de
la République et la presse (La Gerbe ou Je suis partout, par exemple).
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