dimanche 29 décembre 2019

La colère d'un "vieux et bon Français" face au comportement de fonctionnaires de la Caisse d'Epargne de Rennes sous l'Occupation.


Les 75 000 internautes qui ont eu la curiosité de consulter mon blog ont pu remarquer que je ne l’ai guère alimenté depuis cet été. Cela tient tout simplement au fait que je suis très accaparé par mon prochain ouvrage, dont je commence à voir la fin. Pour patienter, en cette fin d’année plutôt agitée sur le plan social, puisqu'il est question encore et toujours de ces "privilégiés" de fonctionnaires, je vous propose un moment de détente avec cette étonnante lettre qui, heureusement, ne sera pas suivie d'effet.


Monsieur le Préfet Régional
Je me permets de vous écrire directement et personnellement en tant que contribuable, grand blessé de guerre et père de famille nombreuse.
Je commence par vous dire que je suis un homme du Maréchal.
Je tiens à porter les faits suivants à votre connaissance : Il existe à la Direction des postes à Rennes, un bureau de la Caisse d’Épargne dont la gestion constitue, moralement un vrai scandale.
Ce bureau est dirigé par une dame M., assistée d’une surveillante, la dame A.
J’accuse publiquement.
1o) Madame M. et madame A. de ne jamais embaucher à l’heure, bien que chefs, donc devant donner l’exemple. Par contre, elles sont toujours parties un quart d’heure avant l’heure de départ.
Le bureau ouvre à 8 heures. Or, il est patent que madame M., logée administrativement et dont l’appartement est contigu à ses bureaux, ne vient jamais qu’à 9 heures, dix heures, ou même pas du tout.
Quand un inspecteur arrive, une certaine dame B. courre (sic) la chercher chez elle et personne n’y voit rien, sauf les employées.
Quant à la dame A., surveillante, elle n’est jamais là avant huit heures vingt ou huit heures trente. Bien entendu le personnel n’étant pas surveillé, vient quand il veut et à l’heure qu’il lui plait. J’ajoute qu’il s’en va de même, dix ou quinze minutes avant l’heure. Pour vérifier tout ceci, il suffirait que M. le Préfet Régional envoie un homme à lui, dont il soit sûr, pour le vérifier (et non pas un inspecteur des Postes qui ne voudra rien signaler, bien qu’au courant…) L’entrée de ce bureau est : escalier de la radio, au 1er étage. Passer sous la voûte du bâtiment des Postes, prendre la première porte à droite, rue du Pré-Botté, entre le passage voûté et la rue de la Chalotais. Monter au 1er étage.
Une inspection faite à huit heures du matin, à l’improviste, édifierait votre représentant. En tant que contribuable, j’estime scandaleux de payer des impôts pour de pareils fonctionnaires.
2o) J’accuse Mme M. de vol. Cette dame a volé des bicyclettes à de malheureux réfugiés. Pour l’établir, je demande d’abord une perquisition serrée chez cette dame et une recherche de l’origine des bicyclettes que l’on y trouvera. Ensuite un interrogatoire des deux jeunes gens dits « boulistes » du bureau qui sont au courant et situeront exactement les circonstances du vol.
3o) J’accuse Mmes M. et A. ainsi qu’une certaine dame B., du même bureau, de propagande anglophile et gaulliste éhontées, notoire et publique.
Les employées du bureau qui restent Françaises, sont insultées, menacées et l’objet de réflexions désobligeantes. Quiconque n’est pas gaulliste est mal vu dans ce bureau.
Le Maréchal est traité publiquement  par ces trois dames de vieille noix, vieille baderne, baveux, etc…
Je ne sais si les employées voudront parler sur ce chapitre car celles qui ne sont pas gaullistes sont absolument terrifiées par ces trois dames et craignent des représailles.
4o) Vous pourriez enfin prescrire une enquête très serrée sur la scène scandaleuse et publique qui a eu lieu dans ce bureau entre Mmes A. et M. le samedi 22 courant. Vous seriez édifié sur la valeur morale, l’autorité et la façon de se tenir de ces deux chefs.
J’accuse Mme M. d’être la risée de ses subordonnées en raison de son peu de zèle, de son absence de toute qualité de direction et de son incapacité notoire. Cette dame ne doit sa nomination, fait connu, qu’à la cause des attaches de son mari, clerc de notaire à Rennes, avec la F.o M.o, ce que chacun sait.
Je vous demande, M. le Préfet :
1o) La révocation de Mme M. incapable administrativement et coupable de vol.
2o) L’envoi dans d’autres localités de Mmes A. et B. en raison de leur propagande anglophile et gaulliste et des sévices exercés sur les femmes patriotes du bureau ainsi que du mauvais exemple donné par leur peu de zèle.
M. le Préfet Régional, je crois devoir porter ces faits à votre connaissance et vous prie d’agréer mes respectueuses salutations.
Vive le Maréchal.
Un vieux et bon Français outré par ce qu’il a appris sur ce bureau.
Monsieur le Préfet, je compte que ma lettre sera suivie, notamment l’affaire de vol de bicyclette, facile à établir. S’il est nécessaire, je saisirai le Procureur de la République et la presse (La Gerbe ou Je suis partout, par exemple).

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