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Bagadoù Stourm |
Les étudiants rennais dans la Résistance
Dans une communication, intitulée "Les étudiants rennais à l'épreuve de l'occupation allemande", parue dans la revue Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest (Juillet 2017), Hugo Melchior, doctorant à l'université de Rennes 2, s'intéressant : "Au vécu des étudiants rennais sous l'Occupation", fait le constat que : "Si l'ordre universitaire ne fut pas troublé pendant ces années par les étudiants eux-mêmes, il serait faux d'en déduire qu'il n'y eut pas d'engagements à "haut risque" de la part de certains étudiants à Rennes (...) autrement dit qu'aucun n'aurait franchi le Rubican de la Résistance." Cette relative apathie estudiantine serait-elle due au fait que la plupart de ces garçons étaient mineurs, nés en 1924, 1925, voire 1926 ; donc pas soumis au STO, qui concernait les classes 1940, 41 et 42 ? S'appuyant sur les travaux de Jacqueline Sainclivier, à propos de la faiblesse de la Résistance en Ille-et-Vilaine, Hugo Melchior écrit : "La résistance active est restée dans le milieu universitaire, à l'instar de la collaboration, le fait d'une poignée d'étudiants seulement. Jacqueline Sainclivier a comptabilisé soixante-quatorze résistants appartenant à la catégorie "étudiants-lycéens" à l'échelle du département entre 1940 et 1944. Dès lors, si la jeunesse scolarisée a pu fournir, en valeur relative, l'un des plus importants contingents à la Résistance en Ille-et-Vilaine, il n'en demeure pas moins que lorsqu'on compare le nombre d'étudiants ayant été réellement étudiants, quand bien même ce nombre constitue un minimum, avec le nombre d'inscrits dans les facultés, la résistance en milieu rennais, loin d'être un phénomène de masse, n'a concerné qu'une infime minorité d'individus." Certes, en valeur absolue, ce chiffre de 74 étudiants engagés dans un mouvement de résistance (6 % du total d'après Jacqueline Sainclivier) peut paraître faible mais, comme le précise l'historienne, il est calculé sur la base du fichier des cartes CVR et n'est en rien exhaustif.
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Porte-drapeau des JNP |
Les étudiants rennais dans la collaboration
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Bagadoù Stourm |
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Landivisiau, camp des Bagadoù Stourm, août 1943 |
Deux documents d'archive permettent de se faire une idée assez précise de cette collaboration estudiantine : le premier est une liste intitulée "Agents de la Gestapo" de 173 noms, saisie par les Américains au siège du SD à la Libération; puis un second document intitulé "Liste des jeunes gens et jeunes filles étudiants inquiétés pour collaborationnisme", comportant 110 noms, en possession du Comité Départemental de la Libération (CDL). Parmi les agents de la liste Gestapo, j'ai relevé une dizaine d'étudiants, tous PNB, leurs noms suivis de l'indicatif SR et du N° d'agent. Parmi ceux-ci, il en est qui ne figurent pas sur la liste CDL, ainsi ce Yves D., "étudiant, né en 1925, 149 rue de Fougères, agent SR 714 : Travaille pour de l'argent, ne peut être utilisé que pour des renseignements sur la jeunesse et organisations de jeunes, a peu d'expérience, est bavard, prudence." Au sein du Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité de la SS, situé rue Jules Ferry,
assidu. Passé du PNB au Bezen Perrot, il sera condamné à mort par contumace. Comme souvent avec ce genre de listes, elle doivent être exploitées avec précaution. Il y a des erreurs et des intrus sur la liste CDL. C'est le cas de Guy Vissault, qui habitait Rennes et fut effectivement été étudiant, mais à Paris. Il sera fusillé après la Libération. Quoi qu'il en soit, en recoupant cette liste avec les fichiers des différents partis collaborationnistes, ce sont environ 80 étudiants qui peuvent être reconnus comme collaborateurs, avec une nette prédominance de membres des JNP et de jeunes nationalistes bretons, dont les noms sont suivis de la mention "membres des SS", qu'il faut traduire par Strolladoù Stourm, et non par SchutzStaffel. Ainsi donc, les étudiants ne se distinguaient en rien du reste de la société rennaise. Peu nombreux, on comptait autant de collaborateurs que de résistants. Du moins jusqu'au 6 juin 1944. Après, c'est une autre histoire...
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