lundi 17 juillet 2023

Plœuc-L’Hermitage : à propos de la profanation du monument de la Butte Rouge

Officier américain enquêtant sur les crimes de guerre
La récente profanation du monument de la Butte Rouge, dont la date ne relève pas du hasard, a suscité une très forte émotion  parmi la population et dans les médias, les journalistes reprenant tous le communiqué du préfet des Côtes-d'Armor : "Le monument honore la mémoire des 55 martyrs, résistants ou otages, exécutés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, dans la forêt de la Perche" (Le Télégramme, Ouest-France et France Bleu du 16 juillet).


Le problème, c'est que cela est en partie inexact. Il faut remonter au 28 octobre 1944 : "Nous Mauclair, MDLC, Tanguy Jean et Ozouf André, gendarmes de service à L'Hermitage-Lorge avons été prévenus par M. Duault, entrepreneur, qu'un nommé Le Pêcheur Alphonse, du village des Forges avait découvert en forêt de Lorge, à

500 m environ du village, ce qu'il croyait être l'emplacement de 10 fosses susceptibles de contenir plusieurs cadavres chacune. Nous avons fait creuser un des emplacements désignés et mis à jour à 60 cm de profondeur, une partie des corps humains, habillés, sans cercueil." Avant d'aller plus loin dans leurs investigations, les gendarmes alertent les autorités : "Le 30 octobre 1944, à 10 heures, nous avons assisté à l'exhumation de 28 cadavres dont 24 hommes et 4 femmes. Cette exhumation a eu lieu en présence de M.le Maire de L'Hermitage, du docteur Le Jeune, médecin légiste, de M. le Procureur de la République et de différentes personnalités civiles et militaires. D'après M. Le Jeune, la plupart des dix premières victimes auraient été pendues. Les autres auraient été tuées d'une balle dans la nuque. Toutes, sauf les femmes, avaient les mains liées par un fil de cuivre muni d'un isolant." Six corps ayant été exhumés les jours précédents, ce sont donc 34 résistants et résistantes, Mme Gouelibo, ses deux filles et la jeune Mireille Chrisostome, qui ont été exécutés à la Butte Rouge. Ils avaient été amenés là par un camion allemand le 14 juillet, après avoir été longuement interrogés et torturés dans l'école d'Uzel par les SS et un groupe de bretons du Bezen Perrot (1)

Docteur Le Jeune médecin légiste
Deux mois auparavant, le 18 août, à 200 mètres de la Butte Rouge, 19 corps avaient également été exhumés. Ces jeunes résistants (FTP), condamnés à mort, avaient été fusillés le 6 mai 1944 à Ploufragan, puis enterrés sur place sans cercueil. Les Allemands, voyant la population venir se recueillir et y déposer des fleurs, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, qui furent ensuite déposés dans des caisses en bois. Les Allemands les transportèrent ensuite discrètement dans cette forêt de Lorge. Dire qu'ils y ont été exécutés est donc inexact.

Les noms de ces résistants ont été ajoutés sur le monument de la Motte Rouge, d'où une certaine confusion probablement.

(1) Kristian Hamon, Le Bezen Perrot, 2004, p. 142-143.

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